[Review] Doctor Strange

Il va sans dire qu’avec la sortie du film Docteur Strange, les publications concernant ce personnage se multiplient pour mon plus grand bonheur. Fan depuis toujours du sorcier, j’étais jusqu’ici quelque peu frustrée du manque de lectures récentes qui lui étaient consacrées. Me voici à présent comblée par toutes les sorties Panini de ce mois d’octobre 2016.

Pour débuter, j’ai choisi de lire la dernière série de Jason Aaron et Chris Bachalo dont j’attendais la sortie en vf avec impatience car j’avais grand hâte de voir comment ce personnage allait évoluer et si son univers magique pouvait s’adapter à une période contemporaine sans tomber dans le kitsch.

Un résumé pour la route

strange_1Doctor Strange est une série scénarisée par Jason Aaron et dessinée par Chris Bachalo avec de petites incursion de Kevin Nowlan. La série sort aux Etats-Unis à la fin de l’année 2015 et en France chez Panini en octobre 2016.

Stephen Strange se trouve plongé dans l’esprit d’un petit garçon possédé par des entités qui se présentent comme les vagabonds des enfers qui fuient un massacre imminent. Après un combat et quelques discussions, les entités quittent l’enfant qui retrouve alors calme et sérénité. Alors qu’il retourne dans sa demeure, Strange remarque dans les rues de New York des phénomènes inhabituels: des sangsues psychiques s’accrochent aux passants. Dérouté, le sorcier suprême rejoint ses congénères et leur fait part de ses observations. Ces phénomènes ne sont que les prémices de manifestations bien plus hostiles alors que la magie semble fragilisée et parfois inopérante. Stephen Strange va bientôt découvrir que la magie tout entière est en grand danger. Mais qui veut la peau des sorciers suprêmes ?

On en dit quoi sur Comics have the Power ?

Rajeunir un personnage crée dans les années 1960 est toujours une gageure, il faut moderniser sans trahir l’esprit d’origine et le résultat n’est pas forcément à la hauteur des attentes des fans de la première heure, sans compter qu’il faut séduire un nouveau public qui doit de suite accrocher à un personnage qu’il ne connait pas.

D’emblée, je dirai sans ambages que le Doctor Strange de Jason Aaron et Chris Bachalo est une vraie réussite. La première page fait un rapide résumé des origines du héros en s’appuyant sur les planches de Ditko ce qui permet aux néophytes de raccrocher les wagons sans problème. Aaron nous plonge ensuite directement dans l’action montrant un Stephen Strange dans le rôle d’un exorciste puisqu’il chasse des démons de l’esprit d’un enfant.

strange_2

Tout en déroulant l’action, Aaron prend le temps de présenter un peu son personnage et le rend plus humain que dans certaines aventures plus anciennes où le sorcier paraît distant, lointain et invincible. Strange arpente les rues de New York et le lecteur se rend compte que le héros évolue dans un monde qui n’est pas tout à fait le nôtre puisqu’il voit les entités magiques ou des autres dimensions évoluer dans notre univers. Le sorcier n’est jamais au repos, les sens toujours en éveil, prêt à intervenir pour sauver des passants d’une possession sans que ceux-ci en aient conscience. Aaron campe un personnage vulnérable, affecté par la magie et ses conséquences : son corps est affaibli, il est victime d’ulcères et mange difficilement reprenant ainsi un des topoï du monde magique : chaque intervention a des conséquences sur celui qui se sert de la magie, personne n’en sort indemne.

strange_3Les personnages secondaires de la série sont parfaitement traités, notamment le fidèle assistant de Strange : Wong qui ne fait pas que de la figuration dans cet ouvrage, il est actif et remplit parfaitement son rôle en protégeant et en assistant son maître. L’introduction d’un autre personnage , Zelma Stanton, une jeune bibliothécaire passionnée par son métier mais attaquée par des entités malfaisantes, apporte une touche de nouveauté bienvenue. Strange discourt également avec ses acolytes sorciers qu’il retrouve dans un bar réservé aux habitués où l’on peut rencontrer la Sorcière rouge, Chaman ou Illyana Raspoutine.

Enfin, la menace ultime présentée par Jason Aaron est parfaitement bien amenée et plutôt intelligemment conçue puisqu’elle mélange références mystiques, technologie avancée et clin d’oeil appuyé aux chasses aux sorcières du XVIIe siècle. Le scénariste nous laisse sur un cliffangher de fou qui nous fait attendre la suite avec une impatience non dissimulée.

Sur le plan graphique, je suis littéralement tombée amoureuse du style de Chris Bachalo qui offre un aspect psychédélique à ce titre qui le méritait bien. Bachalo a su garder le style du docteur tout en lui donnant un coup de jeune et un dynamisme du à son trait nerveux et tranchant qui convient également parfaitement aux mondes magiques traversés par les personnages. Le duo Bachalo / Aaron fonctionne en parfaite harmonie sans aucune fausse note. Les quelques planches réalisées par Kevin Nowlan sont aussi un vrai petit bonheur, tout comme les couvertures de Joe Quesada ou Tim Sale. Panini a eu l’excellente idée de glisser les couvertures alternatives en fin de volume ce qui ravira notamment les amateurs de Skottie Young, Alex Ross et tant d’autres encore.

Alors, convaincus ?

strange_4

La réponse est oui à 100 %. Cette nouvelle série Doctor Strange sait à la fois respecter l’essence de ce personnage hors du commun tout en lui offrant un coup de jeune aussi bien sur le plan scénaristique que graphique. L’histoire est dynamique et respecte les codes du genre tout en montrant un Stephen Strange très humain, hâbleur et attachant, les ennemis du docteur sont particulièrement bien choisis tout comme ses proches avec une mention spéciale pour le fidèle Wong et la bibliothécaire dont on espère bien qu’elle restera parmi les fidèles de Stephen Strange.

Fans de toujours ou nouveaux lecteurs, ce titre ravira sans nulle doute la majorité d’entre vous. Je vous souhaite de trouver autant de plaisir que moi à cette lecture tant attendue.

8 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. CoffeeQuest dit :

    ça fait un bon moment que je n’achète plus de Marvel (même du DC, je me retrouve plus dans les indés actuellement), mais en voyant l’équipe dessus j’ai grandement hésité en le croisant en magasin. Par contre, je ne connais absolument rien au personnage. Pourquoi pas, bonne chronique en tout cas ! ^^

    J’aime

  2. wildstorm dit :

    Tu prêches un convaincu 😉 Je me demande juste comment Aaron peut-il écrire autant de séries de qualité en parallèle… Quoi qu’en disent les détracteurs, son Star wars après un départ conventionnel arrive à me capter alors que sa marge de manœuvre est tout de même super faible (coincé en termes de continuité entre 2 épisodes). Bref désolé, je m’éparpille parce que je ne l’ai pas encore le comics. Je suis aussi un fan de Bachalo en plus^^ Donc, je serai patient mais tu me verras un jour brandir le trophée avec fierté… :p

    Aimé par 1 personne

  3. pistoletabulles dit :

    Je trouve cette série vraiment intéressante. Je suis allé plus loin en vo et c’est toujours très bon : l’action s’intensifie, et le docteur devient de plus en plus torturé … Seul bémol, les dessins de Bachalo, qui sur certaines planches sont difficilement compréhensibles. J’aime beaucoup le travail de Bachalo, mais lorsqu’il y a beaucoup de détails et de personnages, son dessin devient moins lisible, plus brouillon. Cela me fesait déjà ça à l’époque de l’ère de l’apocalypse…

    J’aime

    1. darkphoenix73 dit :

      Entièrement d’accord, sur le début Bachalo reste lisible mais parfois ça devient un peu brouillon. Dans l’ensemble, je reste adepte de son travail mais parfois, c’est effectivement difficilement lisible

      J’aime

Laisser un commentaire