[Review] Harrow County

Les histoires de sorcières, c’est comme les histoire de Vampires, ça peut vite devenir très cucul et on peut vite se retrouver à patauger dans une ambiance sirupeuse destinée à contente des adolescents pré pubères. Bref, on a de quoi être réticent quand on ouvre ce genre d’ouvrage.

Pourtant, Glénat Comics offre avec Harrow County une publication intrigante à l’image de l’illustration choisie pour la couverture de l’ouvrage qui est assez effrayante : une main ensanglantée et des yeux jaunes qui émergent d’un tiroir, voici de quoi réveiller ses cauchemars d’enfant ! L’éditeur met aussi en exergue une phrase de Mike Mignola qui vante les mérites de la série…comment hésiter après ça ?

Un résumé pour la route

Harrow CountyHarrow County est scénarisé par Cullen Bunn, le talentueux auteur de la série The Sixth Gun et dessiné par Tyler Crook. Aux Etats-Unis, la série est publiée chez Dark Horse depuis 2015. En France, Harrow County sort chez Glénat Comics en 2016.

Dans la petite bourgade d’Harrow County, les habitants ont décidé d’exécuter Esther Beck qu’ils considèrent comme une sorcière. Au moment de passer de vie à trépas, Esther lance une malédiction et menace les villageois de son prochain retour et de sa vengeance à venir. Bien des années plus tard, Emmy qui vit seule dans une ferme avec son père, est assaillie d’angoisses et de cauchemars. Des phénomènes étranges commencent à se faire jour autour de la jeune femme. Les animaux meurent étrangement et, à son contact, certains guérissent. Attirée par la forêt, Emmy y rencontre un petit garçon mais qui est-il réellement ?

Ce qu’on en pense sur Comics have the Power

Attirée par les histoires de sorcières, j’avais à la fois un a priori favorable envers cette série et une appréhension car j’avais un peu peur de revoir une énième version de quelque chose que j’aurais déjà pu lire ou voir par ailleurs. Harrow County débute de manière assez classique : la sorcière meurt et promet de revenir se venger. Evidemment, elle se réincarne sous les traits d’une jeune fille innocente qui va avoir du mal à assumer cet héritage.

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Pourtant, malgré cette entrée en matière qui peut éventuellement donner une impression de déjà-vu, Harrow County offre une ambiance vénéneuse et dérangeante. Cullen Bunn tricote une intrigue qui n’est pas si simple qu’elle semble l’être et peuple son récit de créatures toutes plus surprenantes les unes que les autres, à l’image de l’étrange garçonnet qui sert de guide à la jeune Emmy.

Un autre point fort de la série est de faire de ses personnages des êtres complexes, ni foncièrement mauvais, ni vraiment bons, dont l’attitude peut fluctuer et renverser une situation en un clin d’œil. Tous les ingrédients de l’horreur sont bien utilisés : la forêt maléfique et ses arbres tordus, la sorcière guérisseuse à la fois bienveillante et terrible, les golems nés de la glaise, les spectres gardiens des enfers ou les créatures infernales. Harrow County est oppressant et on parcourt les pages avec avidité dans l’attente d’un rebondissement ou d’une apparition.

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Au delà d’un comic-book d’horreur, Harrow County montre combien les apparences sont trompeuses, les intentions moins pures qu’elles n’y paraissent et combien une société peut persécuter ou pousser les êtres à se transformer pour répondre aux préjugés. Certains font le choix d’être victimes, d’autres de résister à ce qu’on veut qu’ils soient.

Le dessin de Tyler Crook offre des personnages aux visages torturés et grimaçants ou des individus à l’air perpétuellement surpris qui évoluent dans un univers terreux et sombre, éclairé de halos lumineux ou de taches sanguinolentes.

Alors, convaincus ?

Difficile d’en dire davantage sans révéler toute l’intrigue mais Harrow County est un bon récit qui reprend l’essentiel des mythes européens ou américains liés aux sorcières en les agençant de manière originale et en offrant un ouvrage glauque et effrayant. Harrow County est également une métaphore du passage de l’adolescence à l’âge adulte qui a tout d’horrifiant pour une jeune femme élevée à l’écart du monde.

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Là où, en ouvrant ce comic-book, on pouvait avoir peur de lire quelque chose de banal, on n’a qu’une envie après l’avoir dévoré : connaître la suite, d’autant que le cliffhanger est assez mystérieux.

Si vous êtes intéressés par un bon récit de sorcières, Harrow County est une bonne pioche, n’hésitez pas !

6 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Just a Noob dit :

    ça a l’air bien, bien glauque, mais pourquoi pas ^^. J’ai bien envie de me laisser tenter.

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    1. darkphoenix73 dit :

      Franchement, c’est un peu gore mais plutôt bien fait 🙂

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