[review] Animal Man #1

Après Descender, j’ai décidé de poursuivre mon marathon Jeff Lemire en lisant le premier tome d’Animal Man, un personnage que je ne connaissais pas le moins du monde. Son univers étant semble-t-il relié à celui de Swamp Thing, un héros DC que j’apprécie et le run de Lemire étant terminé en quatre volumes, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure avec cette série courte mais dense.

Animal Man est un personnage passé dans les mains des plus grands comme Dave Wood épaulé au dessin par Carmine Infantino puis Grant Morrison. Restait à savoir ce que Jeff Lemire allait faire d’un tel héros pas forcément mis en avant ces dernières années mais assez original dans l’univers DC Comics.

Un résumé pour la route

animalman_1Animal Man est scénarisé par Jeff Lemire et dessiné par Travel Foreman, épaulé par Steve Pugh et John Paul Leon pour quelques épisodes. Aux Etats-Unis, la série sort en 2011-2012 chez DC Comics. En France, Animal Man est édité chez Urban Comics en 2012.

Buddy Baker, alter ego d’Animal Man a raccroché son costume de super-héros pour devenir militant écologique et acteur de cinéma. Il tente également de vivre tranquillement auprès de sa femme et de ses deux enfants. Malgré tout, l’action lui manque et lorsque l’occasion se présente d’endosser à nouveau son costume, Buddy n’hésite pas une seconde. Alors qu’il parvient à convaincre un désespéré de renoncer à une action violente, Animal Man est pris de saignements. Une fois rentré à la maison, il s’aperçoit que sa petite fille, Maxine, développe elle aussi des capacités surnaturelles.

 On en dit quoi sur Comics have the Power ?

Cette nouvelle série Animal Man est l’occasion, pour les nouveaux lecteurs comme c’est mon cas, de découvrir ce personnage sans être trop perdu. Buddy Baker semble satisfait de sa nouvelle vie, centrée autour de sa famille et de sa carrière d’acteur. Jeff Lemire met en scène un père de famille qui semble toutefois tiraillé entre sa volonté de mener une vie normale et son envie de rester, malgré tout, un super-héros. Il connait le dilemme de chacun d’entre nous qui veut à la fois mener une existence paisible et aspire à vivre des expériences enrichissantes.

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Evidemment, Buddy ne peut mener longtemps la vie de père de famille sans histoires puisque son corps se couvre de tatouages étranges et que sa fille Maxine se révèle dotée de pouvoirs qui dépassent visiblement ceux de son père. Jeff Lemire joue beaucoup sur le duo père-fille et sur le fait que le plus puissant des deux n’est pas forcément celui qu’on croit. Cette complicité entre Buddy et Maxine apporte une force au récit d’autant que les deux autres membres de la famille, Ellen, la femme de Buddy et leur fils Cliff, ne sont que des humains ordinaires. Cette famille unie malgré les différences va devoir faire front et lutter contre une menace de première importance.

Cela semble une constante chez Jeff Lemire que de faire émerger des personnages qui doutent, qui ne sont pas forcément très sûrs d’eux et conservent une part de fragilité en eux. Lemire met aussi en avant les enfants – comme dans Descender où Tim 21 est un robot aux allures d’enfant – quitte à exagérer leurs possibilité et leur maturité. Maxine est censée avoir quatre ans mais semble beaucoup plus âgée y compris dans son aspect physique où elle ressemble davantage à une fillette de 8-10 ans. Quoi qu’il en soit, c’est Maxine la véritable héroïne et non son père qui porte le costume de super-héros.

animalman_3Jeff Lemire relie également Animal Man à un autre titre : Swamp Thing puisque le défenseur de la Sève est souvent évoqué dans ce volume et que les deux héros devraient finir par se retrouver pour lutter contre l’adversaire commun : la nécrose. Il s’agit de décrire l’éternel combat entre les forces de la vie et celles de la mort, Animal Man représentant ici, comme son nom l’indique, l’animalité qui se défend contre un sort inévitable : le délitement et la disparition. Le combat semble bien difficile, à l’image du combat écologique qui tente de sauver la biodiversité sans grand succès hélas. La nécrose est-elle le symbole de cette humanité mortifère qui piétine à la fois la nature et les êtres vivants ? C’est ce que semble vouloir signifier Lemire dans ce titre.

Graphiquement, le style de Travel Foreman est parfois hyper réaliste et parfois très psychédélique. Il rend très bien la souffrance, la douleur en montrant des êtres difformes et tordus. La représentation des trois sbires de la Nécrose est particulièrement effrayante montrant des êtres déjà dévorés par les vers, aux boyaux distordus. J’aime assez le traitement faussement rétro que John Paul Léon réserve à la dernière partie de l’ouvrage qui reprend le film dans lequel Buddy joue. Leon tranche avec le trait massif et réaliste de Foreman ce qui offre une respiration bienvenue dans un récit haletant.

Alors, convaincus ?

Pour moi qui ne connaissais rien à Animal Man, le run de Lemire est une bonne entrée en matière. Le lecteur n’a guère de peine à comprendre l’environnement dans lequel évolue Buddy Baker et sa famille et même si Jeff Lemire ne s’attarde pas dans de longues explications, on n’a aucune peine à pénétrer dans l’univers d’Animal Man. Plongé immédiatement au cœur d’une lutte sans pitié entre les forces de vie et celles de la mort, le lecteur n’a pas le temps de respirer et a très vite envie de se ruer sur le volume suivant pour suivre les aventures d’Animal Man.

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