[Review] Superman Son of Kal-El (tome 1)

Je lis très peu Superman en dehors du run de John Byrne, alors pourquoi choisir une série sur son fils ? Deux raisons m’ont poussé à cet achat : d’une part, le nom du scénariste et d’autre part, la volonté de mettre en colère les fachos…

Un résumé pour la route

La vérité, la justice et un monde meilleur regroupe les épisodes 1 à 6 de Superman Son of Kal-Elet l’Annual 1. Ils sont écrits par Tom Taylor (NightwingDCeased), dessinés par John Timms(Legion of Super-HeroesHarley Queen), Daniele Di Nicuolo (Les Sept SecretsPower Rangers),Steve Pugh (Animal ManAll-New Invaders) et Clayton Henry (SavageArcher & Armstrong) pour l’Annual. Ces épisodes ont été publiés aux États-Unis chez DC Comics entre juillet 2021 et janvier 2022, puis en France chez Urban Comics le 29 avril 2022.

Malgré son jeune âge, Jonathan Kent a connu de multiples expériences. Il a même vécu dans le futur avec la Légion des Super-Héros, chargés de l’entraîner quand son père, Clark Kent, ne pourrait plus être Superman. Des signes montrent à Jon que ce jour se rapproche…

On en dit quoi sur Comics have the power ?

Ce premier tome nous présente certes un super-héros parmi les plus puissant de la Terre, mais surtout un jeune homme. Pour raconter la vie d’un étudiant, Tom Taylor lui donne une identité secrète : Finn Connors. Pour la première fois (je crois), Jon va à l’école. Mais, le monde moderne l’empêche d’avoir cette vie cachée car, alors qu’il n’est même pas rentré dans l’école, il sauve des étudiants dévoilant sa véritable identité. Comme tout ado, il est en lutte avec son corps lors d’une perte de contrôle. Il teste ses limites et s’épuise en pensant être capable de tout faire. Cependant, Jon dépasse ces problème par son idéalisme. Destiné dès la naissance à devenir un grand homme, Jon Kent ne veut pas se contenter de limiter les conséquences des catastrophes comme Clark mais décide de s’attaquer aux causes – la pollution, le populisme et la haine – et donc devenir un « Justice Warrior ». Il est soutenu par son (seul) ami Damian Wayne. Pour autant, Jon refuse d’effrayer les autres par sa puissance. Ce paradoxe d’un soldat pacifique est posé en un épisode. Cette doctrine passe par des actions concrètes. Il manifeste et s’oppose à des décisions policières… mais en adoptant une tactique de résistance passive. Jon s’inspire d’une chaîne Internet, La Vérité, dénonçant les erreurs du monde. Elle est créée par Jay Nakamura. On peut le trouver naïf mais, dans notre époque pleine de négativité et de refus de l’idéalisme, son optimisme me fait un bien fou. On voit même Damian Wayne sourire. Tom Taylor va, au fil des épisodes, décrire le monde actuel : le danger du port d’arme, les tueries de masse dans les écoles, la dépression et les dangereuses traversées des migrants. Ayant des objectifs élevé, Jon se retrouve confronté à rien de moins qu’un État, Gamorra. Je découvre qu’Henry Bendix, de Stormwatch est devenu le dictateur de cet archipel. On pense à la Corée du Nord. Cependant, la série propose une vision géopolitique complexe. Clark aide les émigrés de Gamorra dont Jay est un membre de seconde génération mais, ce faisant, il contredit la propagande présentant le pays comme un paradis et donc pousse ce pays à répondre. 

La série se place également dans la lignée de Superman. Tom Taylor maîtrise très bien les pouvoirs des Supermen et l’action est très présente. Aux Etats-Unis, Jon doit faire face à une épidémie de post-humains militarisés et amnésiques provoquant des catastrophes. La série est aussi l’histoire d’une famille en particulier les relations entre un fils et son père. Le récit passe dans la maison des Kent et élargit la famille aux amis de Clark. La Ligue de Justice est chargée de défendre la ferme et avait dans le passé permis à Clark d’assister à la naissance de son fils. On peut penser que le père de famille Tom Taylor s’inspire de sa vie. La discussion de Jon et Clark, contraint de partir en raison de ses responsabilité professionnelles, sonne juste car personnelle. L’immigration venue d’Asie correspond aussi à l’Australie. Les territoires ont d’ailleurs une importance pour le scénariste : il semble s’être renseigné sur la ville de Luxembourg. Il montre aussi la pression que subit un ado. Clark confie la planète à son fils. La transmission de son ancien costume marque ce passage (temporaire) de relai. Le jeune héros assumant seul la tâche à la suite du départ de son père me rappelle Invincible. Se sentant en partie étranger, Clark n’a jamais voulu changer le monde mais compte sur son fils et la nouvelle génération pour le faire. Jon ne se rebelle pas mais parle franchement à son père. Il est un peu lisse mais ce contrôle est logique quand on est si puissant. Après le départ de Clark, Lois Lane est davantage mise en avant par son expertise de journaliste et son rôle de mère. L’entourage de Jon s’étoffe depuis qu’il a brusquement vieilli dans une autre dimension. Il y a les amis de son père, son meilleur ami Damian Wayne, les Renégats (venus de la série Suicide Squad du même scénariste) mais surtout un nouvel ami Jay…

Parlons en effet de l’épisode qui a fait couler (inutilement) beaucoup de fiel : la révélation de l’histoire d’amour entre Jon et Jay et donc la bisexualité du héros. Le scénariste le fait dès le cinquième épisode pour imprimer sa marque mais sans violence. Cette romance est totalement naturelle par un rapprochement physique après un moment de relaxation. C’est un moment romantique comme un autre que ce soit entre hommes ou dans un couple hétéro. En dehors d’une pleine page, il n’y a pas d’emphase sur un geste politique ou provoquant. On le voit également par le changement de style de Jon : une coupe de cheveux plus longue avec des boucles. Ce geste est aussi une prise d’indépendance par rapport à la stricte coupe de son père. Je trouve tout de même dommage de sous-entendre par ce style plus androgyne que la bisexualité imposerait un trouble du genre. 

Contrairement à Nightwing, la série voit passer de multiples dessinateurs dont aucun n’a la grandeur de RedondoJohn Timms a un style agréable et fluide en partie inspiré par le manga. Il rend très bien les différents moments intimes ou épiques mais manque d’originalité ou de folie. Daniele Di Nicuolo se charge de l’épisode quatre. Même s’il est moins précis, il apporte bien plus de dynamisme en s’inspirant des compositions de cases et de pages du manga. J’adore son style vif et épuré. J’ai hâte de le voir plus longtemps sur une série. Dans la première moitié de l’annual, Steve Pugh paraît plus brouillon en comparaison de Clayton Henry très agréable à suivre même s’il était plus impressionnant chez Valiant. La colorisation lumineuse est parfaitement dans le ton de la série.

Alors, convaincus ?

C’est avec joie que je retrouve dans ce premier tome ce qui faisait la force de Marvel pendant les années 80 : une bonne série d’action, des personnages partagés entre idéal, réalité et vie personnelle, une connexion avec les problèmes actuels. Tom Taylor réussit ce que Marvel ne fait plus.

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