[review] The Steam Man

S’il y a un truc qui me colle les pruneaux au fond du slip, c’est les repas de famille. Déjà parce que la règle c’est que ce soit chez celui qui crèche le plus loin possible dans un bled paumé où même les rats ont organisé un suicide collectif pour fuir la misère.

Bon, t’arrives et là, à l’odeur, tu te dis que tata Simone a fait des rognons mais ça c’est avant de voir tonton Armand et de comprendre que la douce odeur qui va imprégner tes fringues et te suivre pendant plusieurs heures émane en fait de sa poche à dialyse qu’il n’a pas changée…. Vaille que vaille, les hostilités commencent et ça parle de gens morts vingt piges avant ta naissance en tentant de se rappeler avec qui la fille de Dédé Bitemboix s’est mariée et en quelle année. L’angoisse. Et le pire c’est que c’est à chaque fois pareil, un éternel recommencement qui aurait rendu les glaouis de Sisyphe plus plats qu’un mannequin anémié.

Cette horrible sensation qu’avec la même recette on aura la même indigestion, comme ces comics où l’on reprend les classiques de Wells ou de Verne et en y collant une étiquette Steampunk on espère de la nouveauté mais l’on obtient qu’une pauvre histoire déjà vu mille fois. Et bien mes bien chers camarades ce n’est pas une fatalité et la preuve s’appelle The Steam Man !

Nous sommes en 1899 et l’humanité a repoussé, quatre ans auparavant, l’invasion de créature ressemblant à des espèces de pieuvres et se déplaçant dans des machines de guerre implacables : les tripodes. Sortant d’un vortex qui déchira le ciel terrestre elles commencèrent à semer la terreur et la mort. Alors comment les humains ont répliqué ? En créant le Steam Man ! Un robot gigantesque, fonctionnant à la vapeur, piloté par un équipage spécialement sélectionné et qui va mener la vie dure aux assaillants. Les combats seront rudes mais, au final, l’humanité triomphera par l’extinction de ses adversaires sûrement tués par des virus autochtones… Déjà vu ?

Oui, sauf que ça ne s’arrête pas là. En effet, en ouvrant un vortex, les créatures ont propulsé la terre dans un ailleurs très étrange. Peut-être entre deux dimensions, peut-être dans une autre partie de la galaxie mais toujours est-il que la Terre a changé et s’est peuplée de nouveaux habitants qui semblent tout droit sortis des enfers et parmi eux le pire de tout, le Dark Rider !

La mission de l’équipage de Steam Man est de poursuivre et de détruire ce monstre vampirique et ses sbires pour préserver le reste de l’humanité.

Alors ça a l’air d’un classicisme à s’en faire péter le caisson de désespoir mais je puis vous assurer qu’il y a plus de nouveautés que je n’en avais vues depuis longtemps dans ce style particulier. Les deux scénaristes insufflent à l’intrigue une force qui captive immédiatement en se basant sur les œuvres du grand H.G Wells. Cette écriture à quatre mains est le fruit de la collaboration de Mark Alan Miller, connu pour son travail des adaptations des romans de Clive Barker, notamment les Hellraiser, chez Boom ! Studio, et de Joe R. Lansdale, un romancier prolifique dont la réputation n’est plus à faire outre-Atlantique pour ses récits horrifiques et ses participations sur Jonah Hex ou Tales of the crypt. Deux habitués de l’horreur et du fantastique donc et dont la collaboration semble très constructive au vu des choix scénaristiques qui sont faits dans ce récit complet.

Le dessinateur s’est illustré, quant à lui, chez image. En effet, Piotr Kowalski est le co-auteur / dessinateur de la série Sex et l’on lui doit également un travail assez remarqué sur The Dark Tower: the drawing of the three. Le trait du jeune homme est tout à fait dans le ton de cette époque, complexe et torturé. On doit aussi cette atmosphère si particulière au travail de l’excellente coloriste Kelly Fitzpatrick (Book of death : the fall of bloodshot ou le très récent back to the future). La jeune femme parvient par une colorisation sans faille et merveilleusement bien choisie à donner à chaque lieu une tonalité qui lui est propre. Du travail d’orfèvre !

Dark Horse frappe un grand coup avec cette série qui depuis a été éditée en France par l’excellente maison Délirium qui , comme à son habitude, rend un travail des plus soigné avec un livre d’une facture dont les grands éditeurs devraient s’inspirer ! Il n’y a pas de secret : quand on a affaire à un vrai passionné, ça se sent dans son travail comme disait mon tonton Roger qui bossait aux abattoirs de La Villette  ! 

Dragnir

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Blondin dit :

    Oulala mais il me le faut! C’est sorti en francais? Le sujet est mon préféré et les dessins sont pour une fois tres sympa (sur tes apercus) pour un steampunk. Je file me renseigner… merci pour la decouverte!

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    1. Oui, il est sorti chez Delirium 😀

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