Le huitième tome des Tortues Ninja nous a laissés en plan en plein assaut, les Tortues étant violemment attaquées par une horde de mouches robots géantes. Pas de répit pour les chevaliers d’écailles et on avait vraiment hâte de pouvoir lire ce tome neuf dont la couverture nous promet un affrontement épique et décisif. Mon attachement aux personnages va encore croissant et je me félicite tous les jours de m’être intéressée à ce titre.
Un résumé pour la route
Ce neuvième tome des Tortues Ninja, est sous-titré : Vengeance seconde partie. Il est scénarisé par Kevin Eastman, Bobby Curnow et Tom Waltz et illustré par Cory Smith pour les chapitres 1 à 3 et Mateus Santolouco pour le chapitre 3 avec des couleurs de Ronda Pattison. Le titre est publié en France chez Hi Comics en 2020.
Splinter et les Tortues sont assaillies dans leur QG par les mouches robot géantes manipulées par l’allié de Shredder. Nos héros sont en bien mauvaise posture car ils doivent penser à se battre tout en préservant le corps de Donnie qui pourrait être mis à mal durant les combats. Entre courses poursuites dans les égouts et bataille désespérée, le sort des Tortues semble scellé quand se produit un retournement de situation inattendu.
On en dit quoi sur Comics have the Power ?
Avec ce neuvième volume, on retrouve avec bonheur tout l’art de Tom Waltz : l’auteur sait, dès les premières pages, donner une réelle intensité dramatique à son récit tout en lui conservant un caractère très humain. Oui, les Tortues bastonnent à tout va, submergées par des hordes d’ennemis mais, dans le même temps, la famille reste unie et chacun de ses membres pense avant tout à protéger les autres et notamment le plus faible. C’est d’ailleurs ce qui fait la force d’un tel titre, les Tortues sont un clan uni, malgré les différences, les caractères parfois dissemblables. C’est la sauvegarde de la famille et la confiance mutuelle qui les guide.
Le clan des Foot montre l’exact contraire : un chef rigide, enfermé dans sa haine et ses décisions autocratiques, qui décide de tout entièrement seul sans tenir compte de l’avis de ses proches et notamment de Karai. Shredder, envahi par son ressentiment, s’éloigne de tout ce qui faisait la grandeur du clan des Foot, employant les méthodes les plus basses pour arriver à ses fins. L’opposition entre les deux groupes est flagrante et intéressante, l’un étant le miroir négatif de l’autre. Pourtant, Shredder est ambigu lui aussi et s’il est un vilain, on se prend parfois à avoir pitié de cet homme devenu la caricature de lui-même, un chef de clan enfermé dans sa haine qui l’empêche d’avancer.
L’intrigue principale va donc tourner autour de l’affrontement des deux clans et de deux visions très différentes de l’honneur et de la famille. Tandis que les Tortues agissent ensemble, en se faisant confiance et en écoutant Splinter, le clan des Foot est dispersé, brouillon et désuni. La conclusion de ce face à face dantesque est véritablement inattendue et m’a laissée vraiment sans voix. J’ai assez hâte de voir comment Splinter et les Tortues vont pouvoir gérer la suite.
Le récit est toujours basé sur un équilibre très bien dosé entre les scènes d’action qui sont nombreuses et extrêmement bien chorégraphiées par Cory Smith et Mateus Santolouco. Leurs planches sont d’un dynamisme époustouflant et ils savent faire intervenir une profusion de personnages sans que leurs cases ne soient brouillonnes. Le découpage est intelligent, servant tantôt l’action, tantôt soulignant les sentiments des protagonistes avec une grande intensité. Le tout est bien mis en valeur par la colorisation de Ronda Pattison très efficace notamment dans les décors urbains et nocturnes.
L’autre force de Tom Waltz est de multiplier les sous-intrigues et de semer des indices qui pourront se révéler essentiels par la suite. Certains partenaires des Chevaliers d’écaille semblent bien torturés et pourraient s’avérer moins fiables qu’il n’y parait. La fugitive apparition d’un allié inattendu venant au secours de Donnie laisse présager une suite fort intéressante. Des questions restent en attente comme les raisons de la libération de Hun.
Enfin, le récit comporte également un autre intérêt, celui d’être émaillé de flash-back qui nous ramènent dans le passé, à l’époque où Hamato Yoshi et Oroku Saki étaient proches, puis à celle de leur dissensions. Cette incursion dans le Japon féodal peut être très utile aux lecteurs qui n’ont pas lu le tome 0 et sert de rappel salutaire aux autres. D’ailleurs, le Japon féodal était loin d’avoir livré tous ses secrets si l’on en croit un cliffhanger qui est, encore une fois, à couper le souffle.
Alors, convaincus ?
La lecture de ce neuvième opus continue de me convaincre que les Tortues Ninja sont une des meilleures séries sur le marché et ce n’était pas gagné car, à la base, je ne suis pas spécialement fan des histoires de ninja. Mais justement, l’intérêt de cette série est de dépasser cet aspect et d’en faire un titre profond qui peut parler à tous puisqu’il est question de liens familiaux, de confiance, de trahison et d’amitié. Les bastons sont toujours justifiées et parfaitement bien transcrites graphiquement par des artistes extraordinaires. Les personnages sont loin d’être manichéens, ils sont tous sujets au doute, à la colère mais ils sont extrêmement attachants et j’espère vraiment pouvoir lire encore longtemps les aventures de cette famille hors du commun. Il n’est jamais trop tard pour découvrir ce titre qui ne peut que vous réserver des belles surprises.
Sonia Dollinger
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