J’avais été très ému par le premier volume montrant deux amis en deuil et, malgré des avis assez négatifs sur la suite de la série, j’ai tout de même voulu découvrir la fin de cette quête familiale.
Un résumé pour la route
Comme pour le premier volume, le scénariste reste Chip Zdarsky (Sex Criminals, Daredevil) mais les dessinateurs ont changé avec Declan Shalvey (Moon Knight, The Punisher) pour l’Annual et Ramón K. Pérez (Wolverine & The X-Men, Nova) pour les autres épisodes. Ce second volume rasssemble l’Annual 1 et les épisodes 7 à 12 sortis aux États-Unis entre août 2018 et janvier 2019 puis en mai 2019 en France chez Panini.
Johnny est profondément déprimé depuis la disparition de sa sœur, son beau-frère et ses neveux. Pour le réconforter, Ben propose de partir les chercher dans d’autres dimensions avec le Multisect. Mais, Ben n’y croit pas et Fatalis devenu Iron Man non plus mais rejoint l’équipée. Ils sont accompagnés par une scientifique Rachna Koul qui veut comprendre pourquoi leurs pouvoirs s’affaiblissent et ramener un corps pour sa sœur paralysée. Ces quatre peu fantastiques équipiers se retrouvent coincés dans une autre réalité.
On en dit quoi sur Comics have the Power ?
Le conflit entre responsabilité envers la famille et quête personnelle est au cœur du récit. Ben et Johnny sont pleinement impliqués dans la volonté de retrouver leur famille. Ben pense que la famille est la solution face à l’égocentrisme de Reed. Fatalis est du côté du personnel. Il ne croit pas en l’amitié. Il est devenu dieu mais cela ne lui a apporté aucun réconfort. Il n’est plus défiguré mais fait le bien pour combler un vide. Il accuse Reed d’une autre dimension d’avoir créé ce vide en lui. En fait, Reed s’est fait passer pour mort pour permettre à Fatalis de faire le bien et a réparé son visage par amitié, charité ou comme une expérience, ce n’est pas clair. C’est un échec car Fatalis reste une brute. Ce méchant emblématique des comics est assez bien vu dans ce chapitre. Habitué, il reconnaît tout de suite les mensonges de Rachna. Reed ayant disparu, Rachna concilie le groupe et l’individu, l’égoïsme de Fatalis et la quête familiale car elle veut voler un corps pour le donner à sa sœur. Son égoïsme va provoquer la séparation du groupe car Rachna ne pense qu’à son objectif. Alors que Fatalis tente de l’arrêter, ils disparaissant dans une autre dimension. Laissés seuls, Ben et Johnny s’installent dans un monde post-apocalyptique où Spidey a endossé un mélange du costume de Captain America et du Chasseur. Ayant tué Steve et Tony lors de Civil War, il dirige en divertissant le peuple par des combats dans une arène. On pense à Mad Max comme lors d’un course poursuite dans le désert avec des 4×4 modifiés.
Les deux Fantastiques découvrent la normalité car ils n’ont plus de pouvoir. Ben fait avec la réalité alors que Johnny, plus amer, est impatient de retrouver sa famille. Ben redevenu humain travaille comme ouvrier dans une aciérie. Heureux, il flirte avec une serveuse. On se croirait dans l’American dream des années 1950. Cette série sur la famille a -t-elle décidément du mal à échapper à une forme de conservatisme ? Attendu depuis le premier tome, Johnny découvre le mensonge de Ben. J’ai pensé à Aric dans XO-Manowar, le jeune homme en colère réagit par la violence puis tente de se suicider en se jetant dans le feu.
La question de la vie après la mort d’un proche se pose. Cette équipe de quatre membres tente de reconstituer les Quatre Fantastiques : Fatalis est le scientifique alors que Rachna est la caution féminine et familiale. Des ennemis du premier tome ont repris le costume et les pseudos d’origine. Comme Fatalis, le Penseur fou se prend pour un héros mais sans aucune moralité. Il veut tuer les deux derniers Fantastiques pour pouvoir les remplacer. Les deux Fantastiques restants profitent de leur expérience pour gagner. J’ai cru retrouver l’idée assez réactionnaire que les vieux gagnent face aux jeunes. La preuve en est que Sue est totalement absente de cette série. Le combat permet aux deux beaux-frères de se réconcilier hélas très vite.
La série intègre des éléments des séries précédentes. Le Conseil des Reed de différentes dimension qui voulait imposer la paix aux autres, a été recréé. Ils ne veulent plus tout résoudre seuls mais en famille. Cela ne change rien au problème moral pour moi. Encore plus problématique, un univers parallèle est le moyen de faire une expérience morale : peut-on changer sa nature profonde ? Le scénariste n’apporte même pas de réponse claire.
Dans ce volume, la série interfère avec Infamous Iron Man et la nouvelle série des FF – Reed revient dans l’épisode onze car l’épisode est publié après le retour des FF – sans avoir la possibilité de tout changer. Le scénario change souvent brusquement sans que cela apporte à l’intrigue de départ mais surtout de la confusion pour moi. Le scénario perd ses fils de départ. Les deux derniers épisodes portent sur les conséquences du retour. L’un pour Ben avec Reed et l’autre pour Johnny avec Sue. On comprend dans l’épisode onze, les raisons de la disparition des Richards. Reed voulait redevenir une famille d’explorateurs et expliquer le multivers à ses enfants sans demander l’avis aux autres. Il voulait prendre le temps de voir la complexité des faits mais l’aventure et les dangers les ont rattrapés. Johnny se sent trahi par Reed, Sue puis Ben car tous le voient comme un enfant. Mais, entre temps, cela fait plusieurs épisodes que l’on a oublié complètement Fatalis et Rachna. Le retour de Rachna est raté car sans doute poussé par la fin de la série le scénariste doit tout expliquer par monologue et cela perd tout intérêt.
Alors que le dessin premier tome m’avait subjugué, ce n’est plus le cas ici. Dans l’Annual, Declan Shalvey a un dessin épuré : des visages très simplifiés, peu de décor voire aucun lors des combats. L’encrage fin est très adapté. Il Illustre efficacement le récit mais la mise en page n’apporte aucune création. Dans le reste des épisodes, Ramón K. Pérez a un dessin simpliste qui n’est pas aidé par un encrage épais et bâclé malgré des couleurs plus chaude. Certaines cases sont même parfois bâclées. Quel contraste avec les superbes couvertures de Nick Bradshaw et Jay Anacleto !
Alors, convaincus ?
Alors que le premier tome sur le deuil m’avait emballé, ce tome est parti dans tous les sens. De plus, comme la fin est publiée après la relance de la série FF, on perd l’intérêt de la série : reconstituer une famille. Les belles promesses ne sont pas tenues et avec le retour de la série principale, cette série de relance des FF est devenue une banale série secondaire.
Thomas Savidan
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