[Review] Judge Dredd origines

A ma grande honte, je dois avouer qu’avant d’ouvrir cet ouvrage, je n’avais jamais lu aucun comic-book sur Judge Dredd. Ma seule connaissance du personnage se résumait au film qui mettait en vedette Sylvester Stallone. Ne hurlez pas au sacrilège, il n’est jamais trop tard pour se rattraper et les éditions Delirium m’en ont donné l’occasion.

En effet, j’aime beaucoup les très belles publications de cet éditeur et j’ai plongé avec délice dans Eerie ou Creepy et dévoré le premier tome de Vampirella. Bref, lorsque j’ai vu que Delirium sortait un volume de Dredd intitulé Origines, je me suis dit qu’il était temps de sauter le pas et de plonger dans cet univers qui m’était inconnu.

Un résumé pour la route

Dredd_1Le volume publié par Delirium en France en 2016 se compose de deux récits : le premier est un récit court intitulé La Connexion scénarisé par John Wagner et dessiné par Kev Walker. Dans ce récit, Dredd pourchasse des mutants qui se sont emparés d’une mystérieuse boîte dont le contenu pourrait bouleverser tout Mega-city. Le second récit, dont le titre est Origines est scénarisé par John Wagner et illustré par Carlos Ezquerra. Les deux histoires sont parues à l’origine dans 2000 AD. Dans Origines, Dredd et sa troupe partent à la recherche du contenu de la boîte mais Dredd part surtout en quête de lui-même et de son histoire, se replongeant dans son passé.

On en dit quoi sur Comics have the Power ?

Débuter un comics qu’on ne connaît pas est toujours un peu effrayant, on se demande toujours si on va y comprendre quelque chose et si on va parvenir à suivre alors qu’on déboule au milieu d’une histoire sans aucun background. C’est dans cette optique que j’ai souhaité commencé par ce titre : Origines me paraissait une bonne porte d’entrée dans l’univers du Judge.

En commençant la lecture, le novice est un peu dérouté : il tombe dans un univers totalement inconnu, post-apocalyptique où les juges impitoyables traquent les mutants et les trafiquants en tous genres. La loi est aussi radicale que ceux qu’elle combat, la justice est aveugle. Cela n’empêche cependant pas les cités d’être de véritables coupe-gorges et de générer des vices qui n’ont rien à envier aux nôtres. L’univers dans lequel baigne notre juge est donc on ne peut plus glauque, la fantaisie et le sourire n’y sont pas de mise.

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Le début du récit est assez obscur pour le néophyte qui comprend vite que Dredd est un être plus complexe que son allure rigide et son menton carré ne le laissent entrevoir. Le fait d’être immédiatement plongé dans l’action est assez perturbant et je conseille vivement de relire La Connexion après avoir lu Origines : à la deuxième lecture, tout s’éclaire. Origines porte, en effet, très bien son nom et même si cette histoire fait référence à d’autres publications, on peut tout à fait suivre sans avoir rien lu d’autre avant.

L’histoire de ses origines est narrée par Dredd à ses compagnons d’infortune alors qu’ils sont encerclés et pris dans une embuscade. Ce personnage implacable évoque la chute de la démocratie, entraînée dans une guerre atomique mondiale par un président ivre de puissance, et la fondation de Mega-City, un endroit complètement dominé par les Juges qui ont pris le pouvoir pour stopper la folie présidentielle.Dredd_4

Ce comic-book répond à des problématiques très actuelles et il n’est pas inutile de se pencher sur le fond du propos. Que faire quand un régime démocratique agonise et tombe aux mains d’un malade qui fait exploser la planète ? Faut-il se conformer à la volonté de ceux qui l’ont élu au risque de voir le chaos et la mort se répandre? Lorsqu’un régime plus autoritaire succède au premier, est-on prêt à abandonner ses libertés et à cautionner une justice expéditive ?

Dredd est bien moins manichéen qu’on ne pourrait s’y attendre. Tenir ses engagements à n’importe quel prix n’est pas forcément à la portée de tous. Certains craquent, renoncent aux moyens expéditifs qu’ils ont contribué à mettre en place mais comment arrêter un cheval fou ou une révolution en marche ? Comment revenir en arrière et pourquoi ?

Dredd parle aussi de discriminations, des mutants qui sont exclus ou pourchassés pour leurs différences, des dissidents qui refusent la loi des Juges et qui se battent pour rétablir le régime déchu qui ne sont pas sans rappeler – jusque dans les uniformes – la Guerre de Secéssion. Origines est aussi un titre qui parle d’environnement de manière indirecte puisqu’il montre les conséquences d’une apocalypse nucléaire sur la nature ou sur l’humanité.

Enfin, Dredd interroge le lecteur sur ce qu’est la vérité  existe-t-elle seulement ? On connaît la célèbre maxime « l’histoire est écrite par les vainqueurs » et ce titre vient confirmer cette assertion. Entre l’histoire officielle de la fondation de Mega-City et le récit que Dredd fait des débuts du gouvernement des Juges, il y a un véritable gouffre !Dredd_3

Sur le plan graphique, les deux parties sont assez différentes avec un Kev Walker qui offre à voir des personnages assez anguleux, des atmosphères sombres que j’apprécie assez alors que Carlos Ezquerra montre des figures beaucoup plus rondes servies par une colorisation très vive et explosive avec laquelle j’ai, pour ma part, un peu plus de mal mais qui rend bien l’atmosphère de violence brute qui règne dans le monde des Juges.

Alors, convaincus ?

Cette découverte du monde des Juges est une bonne surprise et Judge Dredd Origines est une porte d’entrée très accessible dans cet univers post-apocalyptique. Toutes les bases de ce genre de récit sont bien en place et font de ce titre un récit solide et bien construit qui offre matière à réflexion sans tomber dans les clichés.

Les éditions Delirium offrent un ouvrage soigné avec en fin de volume les couvertures parues dans 2000 AD et un très beau carnet de croquis de Carlos Ezquerra. J’espère donc que Origines sera le premier titre d’une longue série car cet univers m’a convaincue et me donne envie de poursuivre l’aventure.

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. thomascrayon dit :

    Toujours eu du mal avec ce perso mais ça tenait souvent aux déssinateurs qui, ne m’accrochant pas, ne me donnaient pas le courage de poursuivre l’histoire et m’attacher à un personnage un peu limite.

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    1. darkphoenix73 dit :

      Jusque là, je n’avais jamais eu envie de m’y mettre. Mais ce beau volume chez Delirium et le fait qu’il s’agisse des origines du personnage m’a incitée à m’y plonger. J’ai eu un peu de mal au début avec les couleurs très vives mais, au vu de la teneur du récit, ça se défend

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