[Review] Batman Cher Détective

Les ovni ne se trouvent pas seulement chez les éditeurs underground, mais également chez les plus connus comme dans Batman Cher Detective.

Un résumé pour la route

Batman Dear Detective écrit, dessiné, encré et colorisé par Lee Bermejo (JokerBatman : Noël) a été publié aux Etats-Unis par DC Comics le 7 septembre 2022 puis en France chez Urban Comics le 26 janvier 2024.

Batman reçoit une lettre anonyme au propos menaçant. Il revêt donc son habit de chevalier noir et parcourt les rues de Gotham à la recherche du coupable.

On en dit quoi sur Comics have the power ?

Si vous pensiez lire une bande dessinée, les premières pages risquent de vous désarçonner. Cher Detective n’est pas un nouvel épisode de Batman, mais un projet à la croisée du livre d’art et du récit illustré. De 2019 à 2022, Lee Bermejo a dessiné des couvertures alternatives dans Detective Comics. Cependant, il a poussé plus loin la commande en créant une histoire à partir des couvertures. Le livre commence par une lettre manuscrite qui scandera ensuite la lecture avec, en face, les couvertures. Si le propos est clair, la lettre est anonyme et les formules troubles. Je m’amuse alors à deviner l’auteur : le Joker parlant de Batman comme son meilleur ennemi ? Le Sphinx disséminant des indices dans la lettre ? Le Pingouin par une référence au froid ? Dans sa lettre, l’auteur se moque de ce mystère. Possédant un égo surdimensionné, il justifie sa violence et estime que le bien (Batman) et le mal (lui-même) sont liés. Ils sont issus du pêché, mais, bien entendu, le mal est supérieur.

Les premières couvertures arrivent à former un récit : Batman s’équipe puis circule dans les rues (pour trouver le criminel). La lettre participe à lier les images. Par exemple, l’auteur évoque le fait que Batman ne peut deviner qui il est car il a de trop nombreux ennemis. On les voit ensuite, comme si Bruce dressait la liste de possibles coupables. Cependant, les couvertures devant être iconiques et centrées sur l’action, on ne voit pas le super-héros réfléchir. Au contraire, la succession des pages dessine un Batman brutal (évidemment puisqu’il ne parle jamais mais grimace souvent. Son visage est marqué par l’âge et la violence. De plus, plusieurs acolytes se succèdent sans raison et la fin reste (trop) ouverte.

En l’absence de bulles, je prends le temps d’apprécier le style de Lee Bermejo qui profite d’un grand format. Je ne suis pas son plus grand fan. Cependant, en plein format, sa précision photoréaliste m’impressionne. Les effets de matières me donnent envie de toucher la brique, le chrome brillant d’une moto, la densité du cuir… Les couleurs sont plus chaudes et plus variées que dans mes souvenirs. Les cadrages mettent en avant la force de Batman. Catwoman est sexy sans exagération. Sa vision des super-vilains est parfois classique – Catwoman ou Le Pingouin – ou plus personnels : le Sphinx n’est pas un dandy mais un proxénète digne de la blackploitation. Si le volume se lit vite, on peut souligner la qualité de l’édition. Le grand format est identique aux albums de bd franco-belges. La couverture a un bel effet de gaufrage sur le titre. Le dos toilé intègre le titre et les premiers mots de la lettre comme s’il était tagué sur un mur.

Alors, convaincus ?

Si on accepte le principe de base, Batman Cher Detective est une lecture distrayante. Un récit très léger et une personnalité de Batman émergent par la succession des planches. Le jeu sur le coupable m’a amusé même si le comics est surtout un art book caché. 

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