Parfois, on ne connaît rien à un livre mais la couverture vous fait de l’œil et quand en plus c’est un éditeur dont on aime le travail, alors cela réveille l’inspiration et pousse à écrire cette chronique.
Un résumé pour la route
Ce court volume rassemble la mini-série en quatre épisode The Forgotten Queen publiée aux États-Unis entre février et mai 2019 par Valiant Entertainment et en France par Bliss Editions en janvier 2020. L’histoire est écrite par la scénariste Tiny Howard (Thanos, Excalibur), les dessins d’Amilcar Pinna (Generation X) et les couleurs d’Ulises Arreola.
De nos jours, des plongeurs recherchent dans une partie inexplorée des océans des artefacts d’une armure féminine. Dans le passé, la propriétaire de cette armure arrive à pied dans le camp du chef mongol, Gengis Khan. Cette femme inquiète mais semble capable de faire de ce jeune chef de tribu un homme bien plus puissant.
On en dit quoi sur Comics have the Power ?
Ce récit court de quatre épisodes est centré sur un nouveau personnage de Valiant, Vexana dite la Belliciste. On suit en parallèle le passé de Vexana à différentes périodes historiques et la recherche actuelle des éléments de l’armure de cette immortelle. Ce dernier passage m’a fait penser à un film d’horreur : le bateau des explorateurs est bloqué en pleine mer avec une mort suspecte.
Dans ce récit à rebours, on remonte vers les origines tout en décrivent l’évolution de Vexana dans le passé et le présent. Bien que parfaitement tenue, j’ai trouvé cette organisation complexe assez inutile. Tout d’abord, Vexana chevauchait avec les nomades mongols en Asie centrale. Elle possède le pouvoir de créer une soif de sang dans le cœur des hommes. Mais, pour elle, ce n’est pas un ajout extérieur mais elle stimule simplement des instincts primaires latents. Son pessimisme est radical. Tous les êtres humains sont mauvais par essence. Les ambitieux veulent profiter de ce pouvoir mais il ne se contrôle pas. Elle ne s’arrête jamais de combattre et cela aboutit à des guerres civiles puis à l’effondrement des empires. Cette vision m’a fait penser à la mythologie grecque qui oppose deux visions de la guerre. Arès est le dieu de la violence guerrière alors qu’Athéna est celle de la tactique et de la guerre juste. Vexana représente clairement le visage négatif de la guerre. Son premier souvenir est d’ailleurs le meurtre d’un homme. Gilad qui apparaît plus loin représente la guerre juste. On découvre seulement à la fin du chapitre trois son ascendance réelle la reliant à d’autres héros de Valiant. Après Gengis Khan, elle rencontre Vlad Teppes III qui, par ambition, et pour protéger son peuple des Ottomans devient le vampire Dracula.
On pense qu’elle va changer quand elle tombe amoureuse de Khutulun, une chef mongole. J’ai apprécié cette partie qui montre la pluralité de la sexualité sans faire des personnages homosexuels des héros – Vexana semble d’ailleurs plutôt pansexuelle. Tiny Howard présente d’ailleurs une vision très progressiste de la sexualité. Khutulun ne cherchait d’un plaisir passager avec Vexana et la quitte quelques semaines après. Plusieurs années s’écoulent et la Belliciste vient se venger. Dans la tente de son ex, elle trouve Marco Polo, Almazan le Sage, le Soldat de terre cuite, Kavi le barde et Gilad le Guerrier éternel. Ils sont venus former une équipe de super-héros, Unity, les Avengers de Valiant. Le dernier épisode est le plus intéressant par une rencontre très surprenante qui donne très envie de lire la suite. Je me suis demandé pourquoi le scénariste avait tant attendu.
La scénariste construit un récit féministe qui pose la question de la place des femmes dans l’histoire et dans le présent. A plusieurs périodes historiques, la Belliciste est présentée comme une sorcière. C’est assez juste historiquement car les femmes puissantes qui sortaient des stéréotypes et des codes de genre, étaient décrites comme des sorcières. Vexana choisit d’apporter la guerre par jalousie car en tant que femme et enfant elle a été mise de côté. Elle propose à son ancienne amoureuse de lui apporter à elle seule la gloire alors qu’Unity veut l’intégrer à un groupe d’hommes. Elle refuse la solidarité et préfère suivre des individus d’exception. Ce portrait d’une femme libre est l’élément réussi du récit.
Le dessin d’Amilcar Pinna vise le réalisme par la précision du trait et les proportions des corps mais je dois avouer que je ne suis pas très fan de son style. Les positions et l’irrégularité des proportions sont étranges et font sortir le dessin du réalisme. Les angles choisis dans les cases créent un dessin figé. Des bonus sont inclus en fin de volume avec l’ensemble des couvertures, les recherches sur les personnages incluant des courts commentaires des artistes.
Alors, convaincus ?
La reine oubliée est un récit historique est distrayante. Au départ, j’ai eu du mal à comprendre l’intérêt du récit mais j’ai apprécié ce personnage très prometteur d’une immortelle, personnification de la guerre.
Thomas Savidan