[review – film] Birds of Prey

Birds of Prey est un sujet qui divise sur le blog, mais, comme le monde est bien fait, deux de nos rédacteurs n’ont pas aimé, l’une d’entre nous a adoré et nous avons pu inviter Alex Hivence pour équilibrer les débats : deux pour, deux contre, un bel équilibre !

Attention, cet article contient des spoils

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L’avis de Siegfried « Moyocoyani » Würtz

Birds of Prey : Harley Quinn, Harley Quinn, Harley Quinn et quelques autres

« We were amazing there ! » (non)

Oubliez d’emblée le titre du film. S’il tente de montrer régulièrement Renee Montoya, Cassandra Cain, Dinah Lance et Helena Bertinelli, de leur conférer un peu de background et de raisons de se retrouver dans une intrigue commune, il est évident que Harley mène le bal, comme la promotion le laissait d’ailleurs assez clairement entendre.

Aucune ne bénéficie du même soin, de la même attention et mise en valeur, et on est même surpris d’avoir une origin story de Huntress, balancée sans fantaisie par la voix off de Harley la plus plate imaginable, malgré le relatif potentiel des comics dont elle s’inspire, mais pas de Dinah, tandis que DC fait le choix pour le moins curieux d’une Cassandra Cain qui n’a absolument rien de Orphan, probablement avant sa rencontre avec Batman, et n’ayant du coup absolument rien à faire dans un groupe auquel elle n’apporte que ses compétences de pickpocket. Heureusement le casting est bien choisi dans son appréciable différence de constitution physique et d’âge, sans que cela suffise une seconde à l’affirmer comme protagoniste du film tant il lui manque de charme et d’intensité pour camper ce rôle et mériter l’éponymie.

Et je ne parle même pas de l’absence de Batgirl, pourtant l’un des membres essentiels des Birds of Prey dans les comics. Je ne tiens pas particulièrement à ce qu’on les respecte à la lettre, loin de là, et son omission ne me pose en soi aucun problème, enfin personne ne vient remplir sa fonction pivotale, si ce n’est donc une Harley Quinn tout de même trop extérieure au groupe pour en constituer l’élément fédérateur et lui donner de l’intérêt.

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Deux de ces femmes ne sont pas des Birds of Prey et ne seront pas les héroïnes d’un très hypothétique Birds of Prey 2, saurez-vous trouver lesquelles ?

Des Birds of Prey que l’on n’a aucune envie de retrouver

Autorisons-nous un spoil mineur (dans un film qu’il est tout de même difficile de spoiler), important pour comprendre la médiocre impression finale que ce Birds of Prey m’a laissé : après une heure et demie à se chercher, le groupe de femmes ne s’unit vraiment que dans les vingt dernières minutes pour une seule bagarre, n’est même pas ensemble pour la résolution finale, et deux minutes avant la fin on comprend que Birds of Prey n’était guère là que pour introduire les Birds of Prey constituées de… Renee, Helena et Dinah, les deux autres réaffirmant leur indépendance. Il ne s’agissait donc que de vendre un deuxième film, sans Harley et qui parlerait enfin des Birds of Prey elles-mêmes, en profitant pleinement de la notoriété de Harley. Et je ne sais pas pour vous, mais comme on ne voit pas les trois « vraies » Birds of Prey plus d’une minute à l’écran en tant que Birds of Prey, et qu’elles ont été à ce pont négligées dans le scénario, je me fiche royalement de les revoir. Ironique pour un film tentant de vanter la sororité, une forme de girl power, une dimension militante que l’on imagine volontiers apaisée par la production au détriment des personnages. En somme, on sentait mieux le Girl Power dans l’extension Birds of Prey du jeu de cartes DC Comics que dans un film qui se croit sans doute foncièrement féministe et le promeut si mal…

N’aurait-il pas fallu les réunir plus tôt afin d’avoir le temps de percevoir un début d’alchimie entre elles ? Ou partir sur moins de personnages afin de donner à toutes la profondeur qu’on leur souhaite ? Ce sont des questions de bon sens que l’équipe responsable de l’œuvre s’est évidemment posée, et à laquelle elle répond franchement « non », parce que Harley seule est plus bankable que tout l’intérêt que l’on pourrait donner aux autres. C’est peut-être un bon calcul en termes de marketing, après tout, même si le film est un semi-échec commercial, il n’attire peut-être que grâce à la présence de la super-vilaine ; ce n’est évidemment pas un bon calcul pour l’implication du spectateur… et pas même pour Harley.

Une Harley trop et pas assez folle

Margot Robbie semble s’amuser comme une petite folle dans ce rôle auquel elle tient – elle produit d’ailleurs le film – et c’est heureux au moins pour elle. Il n’empêche que son petit jeu régressif et excessif n’amuse qu’elle, puisqu’elle s’avère finalement beaucoup moins fantasque et beaucoup moins drôle qu’attendu. Une scène est emblématique d’un certain échec à assumer esthétiquement sa folie : pendant une bagarre, elle est saupoudrée de coke, qu’elle renifle involontairement. Alors que le spectateur s’attend à assister à une vision complètement délirante, cela ne fait que la requinquer ! Une étrangeté que l’on ne s’explique que par une coupe ou un budget finalement trop réduit pour permettre le psychédélisme envisagé.

Vous avez dû également voir dans les bandes-annonces ces images d’une Harley en Marilyn Monroe, réalisant un show musical. Mieux vaut le savoir pour ne pas être trop déçu, il ne s’agit que d’une vision quand elle perd vaguement conscience, plutôt sympathique au début… et soudain achevée, sans mener à rien. Une scène clairement tournée pour la promotion de Birds of Prey ou pour un premier montage d’un film rêvé fort différent, et que l’on a calée là parce qu’il fallait la caler quelque part, bien que cela ne fasse aucun sens, ni en elle-même ni dans la séquence à laquelle elle est intégrée.

Bien que narratrice du film, Harley s’avère même parfaitement fiable, ne donnant jamais l’impression d’inventer ou d’exagérer quoi que ce soit ! Son seul gimmick consiste à raconter les faits dans un désordre particulièrement sage, avec une voix off sur-explicative et souvent plutôt pénible. C’est ce qui se passe quand on confie un film fou aux deux faiseuses que sont la scénariste Christina Hodson et la réalisatrice Cathy Yan, et qui ont évidemment toute la peine du monde à rivaliser avec un autre film (non je ne parle pas de Deadpool) sorti le même jour en France, utilisant également une narration déstructurée et recourant cette fois de façon joliment humoristique aux exagérations et à l’excentricité de son narrateur : le The Gentlemen de Guy Ritchie, supérieur à Birds of Prey dans tout ce qu’il entreprend, y compris bien sûr quand Yan tente d’imiter la patte de Ritchie/Snyder pour ses scènes d’action.

Éclairs de folie dans une tempête de platitude

Une seule est à vrai dire plutôt réussie, sans doute la plus directement due à Chad Stahelski, utilisant un dispositif anti-incendie pour tenter d’imiter l’inventivité d’un Gareth Evans (The Raid 2) ou d’un Wong Kar-wai (The Grandmaster) trouvant dans la pluie un formidable moteur de cinéma. On reste très loin de ces modèles à cause d’un montage un peu trop charcuté (pour alterner entre Margot Robbie et sa doublure après chaque mouvement), évidemment nuisible à la virtuosité de la chorégraphie, de l’incohérence entre le nombre de méchants réel et le nombre d’attaquants vaincus à l’écran, d’une propension ridicule au bruitage « porte qui claque », et tout simplement d’une maîtrise insuffisante des effets de ralenti/accélération ou d’autres jeux de caméra pour réellement dynamiser les coups…

Enfin elle jure par sa sophistication avec tout ce qui précède et qui était en comparaison très peu inspiré, et prépare un troisième acte plongeant les personnages et spectateurs dans une étonnante ambiance Arkham/Burton, fascinante d’incohérence entre le travail des décorateurs et une réalisation qui ne sait rien en faire de bien.

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Tiens, j’ai souri devant ce détournement de la Fedora de Wilder

Un pop-corn movie qui fait bailler ?

L’intrigue elle-même est, comme on peut s’en douter, une pure quête de MacGuffin pour parvenir enfin à faire converger les différents personnages, face à un méchant qui n’est guère présent que pour créer un antagonisme. J’aurais beaucoup de mal à croire qu’Ewan McGregor en Black Mask soit là pour de meilleures raisons pour cachetonner. Il n’a même pas l’excuse du cabotinage tant on l’enferme dans un cliché ambulant dont Harley elle-même se moque, de la première minute à la dernière, bien plus proche de Cate Blanchett en Hela que du Grandmaster de Jeff Goldblum dont il ambitionne pourtant la dangerosité efféminée.

On essaye bien de lui inoculer une misogynie, une tendance à abuser de sa position contre les femmes, mais elle ne s’affirme jamais dans des scènes importantes pour l’intrigue. C’est bien simple, s’il fallait un super-vilain un peu fou, dangereux et sexiste… il fallait le Joker, y compris dans son incarnation par Jared Leto, un choix auquel le film aurait tout gagné : une justification pour la présence de Harley, un méchant exerçant une relative aura sur le spectateur, assez menaçant pour que les femmes se coalisent sans avoir à inventer (et si mal) un nouveau personnage, un peu d’intensité dans une œuvre qui m’a fait bien plus bâiller que le Hidden Life de Malick

Le pire film du DCEU à ce jour à mon avis, mais cela dépendra assurément pour chacun de la sincérité que l’on saura y trouver. Pour moi, c’est celui qui a le moins de raisons d’être, ou plus précisément celui qui a été fait avec les moins bonnes raisons/le plus dévoyé des quelques bonnes raisons qui avaient pu le nourrir à la base, celui dont les rares qualités ne font même pas un pop-corn movie regardable, celui dont on se privera avec le plus de profit. Allez plutôt voir The Gentlemen !

L’avis de Sonia Dollinger 

Birds of Prey, une très belle surprise

Ayant eu quelques déconvenues lors de mes derniers passages au cinéma après avoir survécu à Suicide Squad ou pire à Aquaman, je n’avais pas prévu d’aller voir Birds of Prey. Pourtant, certains avis extrêmement tranchés et la violence suscitée par ce film ont fini par m’intriguer et me pousser à m’enfermer dans une salle obscure.

Autant dire que je n’étais pas partie très confiante, et pourtant, je suis ressortie du cinéma avec le sourire et gonflée à bloc. Avant tout, il me faut préciser que je connais vraiment mal les Birds of Prey et que je n’ai jamais lu d’aventure du groupe. Je viens juste de découvrir les origines d’Héléna Bertinelli dans Batman / Huntress tout juste sorti chez Urban Comics et je n’ai lu de Harley Quinn que ses aventures New 52. J’ai donc eu l’avantage d’avoir peu de background sur les personnages et de n’être donc pas polluée par des références trop précises aux comics.

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Les détracteur du film pourront sans doute lui reprocher la mise en avant du personnage d’Harley Quinn. Pourtant, autant, elle ne m’avait pas intéressée du tout dans Suicide Squad, autant je l’ai trouvée attachante et touchante dans Birds of Prey. J’ai beaucoup aimé le rappel de ses origines sous forme de dessin animé, un hommage sympathique à Batman Animated et les références aux comics que j’ai pu lire comme la présence de Bernie, son castor empaillé issu de la version New 52, même s’il a un nom plus cocasse dans le film ou Bruce, la hyène, qui rappelle l’animal fétiche de l’Arlequin qui va plutôt par paire dans la version comic-book. Ces références sont bienvenues et permettent de sympathiques clins d’œil aux familiers de l’univers.

L’autre aspect qui m’a intéressée, c’est de voir Harley débarrassée du Joker. Cela ne se fait pas sans souffrance et la première partie du film montre combien les conséquences de cette rupture sont douloureuses pour la jeune femme. On voit une Harley encore sous emprise passer peu à peu du désespoir à la reprise en main de son existence et j’ai trouvé que le traitement de ces événements était véritablement bien vu. L’explosion qui permet l’émancipation d’Harley par rapport au Joker est un grand tournant du film. Le fait de suggérer le Joker et l’influence prédominante qu’il a dans la ville et dans la vie de Harley m’a paru une très bonne idée. On voit combien il a pesé et pèse encore sur son destin sans jamais qu’il n’apparaisse directement – sauf sous la forme d’un dessin. L’emprise mentale est ainsi encore mieux traitée puisqu’on en voit seulement les conséquences. La détresse d’Harley après sa rupture fend littéralement le cœur et l’espèce de grosse ordure qui tente d’en profiter bassement rappelle hélas des situations bien réelles. La trahison masculine se niche partout, y compris dans la cupidité du logeur d’Harley, un des rares individus pour lequel elle avait pourtant une véritable affection.

Les autres femmes du film sont toutes intéressantes et, si Harley s’attribue le premier rôle, elle n’efface pas ses congénères, bien au contraire. La présentation des protagonistes m’a fait penser à Kill Bill de Tarentino et j’ai apprécié le traitement en flash-back qui permet de comprendre comment on arrive à une situation donnée. Le groupe de femmes qui se constitue peu à peu forme un beau panel. Je suis notamment très fan de Renée Montoya, une femme abîmée par la vie qui subit dans sa carrière ce que beaucoup de femmes ont pu connaître : faire le boulot tandis que les lauriers vont au coéquipier masculin. Le parcours de Renée est hélas logique : une femme passionnée par son travail, qui a les bonnes intuitions, qui s’investit dans son boulot et qui finit par devoir le quitter pour laisser la place aux carriéristes médiocres qui l’entourent. C’est sans doute le personnage qui m’a le plus touchée dans ce film avec Huntress dont je venais de lire les origines peu avant d’aller voir le film. Elle est amenée avec une petite dose d’humour bienvenue car son histoire est particulièrement douloureuse. L’intrigue du film repose sur son passé et celui de sa famille, sa présence est donc loin d’être anodine. Quant à Black Canary, j’avoue ne pas du tout connaître cette version du personnage mais cette femme bien badass donne du punch à ce récit qui va à cent à l’heure. Cette pro de la baston a un vrai côté chevalier au grand cœur.

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Enfin, il faut évoquer la jeune Cassandra Cain, une sale gosse dont la situation familiale permet de comprendre l’attitude rebelle et désabusée. Sa relation avec Harley est un des autres points forts du film, attachement, déception, complicité, ce duo est vraiment touchant et fonctionne à merveille.

Parlons enfin du « méchant » de l’histoire, Black Mask et son acolyte psychopathe Victor Zsasz. Certes, ils sont moins impressionnants que le Joker mais ils représentent un duo de vilains crédible : le fils à papa qui se lance dans la criminalité pour s’affranchir de l’héritage familial et le fidèle chien de garde qui ne supporte pas la concurrence surtout si elle est féminine. L’attachement de Zsasz pour Black Mask est-il amoureux ou se résume-t-il à la fidélité servile d’un personnage de second rang ? On peut éventuellement trouver ce duo un peu falot ou sans grand relief mais, pour une fois, le beau rôle ne va pas aux vilains qui sont souvent mis en valeur chez DC Comics. Ce sont les héroïnes et leur formidable entraide qui fait toute la saveur du récit.

Oui, malgré ou grâce à leurs différences, leurs parcours chaotiques, ce quintette joue une partition parfaitement réglée. Si Harley se taille la part du lion, elle laisse assez d’espace à chacune des autres protagonistes dont le background arrive peu à peu et nous donne envie d’en savoir plus et de revoir ces personnages pour la suite. Et sincèrement, voir un groupe féminin au premier plan avec un véritable esprit de sororité. Chaque personnage a ses forces et ses faiblesses et toutes forment un groupe cohérent. Les scènes de baston sont carrément cathartiques et font un bien fou. On peut regretter une musique parfois un peu trop présente mais sincèrement, ça m’a fait plaisir, pour une fois, d’échapper au rap habituel pour avoir un son quelque peu différent, un peu plus rock. Ce film bouge dans tous les sens, on a parfois l’impression d’être carrément sous acide, mais ça rend la vie plus sympa finalement !

On l’aura compris, Birds of Prey fut pour moi une excellente surprise : alors que je m’étais préparée à être déçue, j’ai passé un super moment, j’ai aimé vraiment chacune des héroïnes qui nous sont présentées, avec leurs défauts, leurs failles mais aussi leurs forces. J’ai aimé qu’elles forment une véritable équipe, dont les membres sont très différents mais tous bienveillants les uns avec les autres. J’ai aimé l’humour du film, parfois un peu trash mais sans excès, j’ai adoré que, pour une fois, les femmes tiennent le haut de l’affiche et dament le pion aux personnages masculins. Ce film est plein de promesses et j’espère qu’on verra une suite poindre dans cet horizon parfois sans grand intérêt. A mon grand étonnement, Birds of Prey m’aura quelque peu réconciliée avec l’univers DC au cinéma, peut-être parce que c’est le récit d’une émancipation collective d’un groupe hétéroclite qui a pour point commun d’être composé de femmes aux origines variées, cabossées par la vie mais qui se retroussent les manches pour mener un combat commun.

Je crois que je dois dire un grand merci à celles et ceux qui m’ont finalement poussée à aller m’enfermer au cinéma un après-midi de beau temps, ça valait le coup.

L’avis de Thomas Savidan

Dans mes textes, j’essaye toujours de mettre en avant le positif d’une œuvre. J’admire ceux qui prennent le risque de s’exposer même si c’est maladroit car, n’étant pas créatif, je serais bien incapable de faire de même. Toute cette introduction pour dire que cela va m’être bien plus compliqué pour ce film ….

Sur la forme tout d’abord, les couleurs du film verdâtres ou jaunes sont aussi insupportables. Harley Quinn étant anticonformiste, elle adopte des styles vestimentaires… uniques mais qui me paraissent juste hideux. Dans le même ordre d’idée, la musique est censée aussi être atypique mais les gros riffs de rock fm débarquent à chaque coup de poing et j’ai très vite crié « Pitié ! Débranchez la guitare ! » Les quelques allusions visuelles au comics – l’ancien costume, les castors – n’apportent rien.

Sur le fond ensuite, le message de départ est très louable : mettre en avant une figure féminine libre, imprévisible qui se moque des conventions sociales ou de la morale en créant un film réalisé et majoritairement joué par des femmes. Le film a une structure supposée rendre compte de la folie de l’héroïne. Harley raconte en voix off – en brisant le quatrième mur – comment des femmes badass se sont associées. Cependant, comme elle oublie des éléments, elle revient en arrière pour faire les présentations des héroïnes. Ce gadget scénaristique alambiqué devient très vite pénible : Harley Quinn ne cesse jamais de parler. De plus, il ne masque par le vide thématique global : une succession de combats pour un diamant. La question de la représentation des femmes à l’écran – et dans l’univers des super-héros – et de l’inégalité homme-femme est certes présente mais trop légèrement. Cet objectif progressiste est avancé tellement maladroitement qu’il en devient réactionnaire. Birds of Prey montre le rassemblement (avec des ficelles scénaristiques grossières) de femmes opprimées par les hommes. Elle se retrouvent face à un ennemi commun, Black Mask qui est le symbole du phallocrate misogyne. Il utilise et violente les femmes. Homosexuel (ce n’est pas explicite mais le scénario et le jeu, proche de la Cage aux folles, d’Ewan McGregor ne laisse pas de place au doute), il n’est entouré que par les hommes. Il m’a semblé que les producteurs ont voulu éviter toute polémique et donc tout risque – contrairement à Joker.

Au final, malgré un objectif intéressant, je n’ai vu sur l’écran qu’une utilisation d’un personnage de comics très populaire, dont le costume en film est devenu viral depuis Suicide Squad et mais aussi l’omniprésence d’une actrice hype dans un film vain.

L’avis d’Alex Hivence

Comment parler du film « Birds Of Prey et la fabuleuse histoire de Harley Quinn » après avoir vu le film? Une équipe féminine qui n’est pas une équipe, une femme en voie d’émancipation mais qui reste prise dans les filets de l’emprise, une folie du personnage qui n’est pas psychédélique pour autant, cela forme plusieurs paradoxes qui pourraient dérouter. Ou alors, cette contradiction serait l’autre nom d’Harley Quinn ! Et ce paradoxe ambulant emporte sur des sentiers pas tout à fait attendus. Tentons alors d’éclairer ce film sous une lumière psychanalytique, pour faire tomber certains masques.

Tout d’abord, revenons au point de départ. Birds of Prey reprend l’histoire de Harley Quinn après sa rupture avec le Joker, survenue dans Suicide Squad. Et Harley, en femme de bon sens, ne dévoile pas cette rupture au milieu des malfrats, conservant ainsi les bénéfices secondaires d’être la petite amie du Joker, gardant la protection de cette place et en profitant très largement. Harley demeure ainsi dans ce rôle de « la petite amie de » dans le regard d’autrui, alimentant ainsi indirectement son propre déni. Renoncer à cette place pour Harley, c’est accepter ne plus en avoir aucune dans le regard d’autrui. Et en cela, ne représente-t-elle pas le genre super-héroïne la précédant? Là où Cat-Woman existe par rapport à Batman, là où Black Widow apparaît à l’écran comme affiliée à Iron Man, Harley ne raconte-t-elle pas cela dans les débuts du film : comment la femme existe sans être affiliée à un homme ? Et cette question peut en outre s’entendre au-delà du film et des comics.

Cette tentative d’émancipation de la part d’une Harley désœuvrée sera explosive. Un passage à l’acte pour rompre, une rupture sous forme d’un saut de camion en pleine course, littéralement. Et la question qui se pose fondamentalement : Et après ? Comme les femmes ayant subi des violences, une emprise, mais aussi plus généralement ayant vécu dans l’ombre d’un homme de pouvoir, quel qu’il soit, la question se pose de l’après. Harley Quinn traverse en fait les étapes du deuil telles qu’elles sont décrites comme processus psychologique : le déni de cette rupture, Harley gardant le collier de Mister J au cou, la douleur, telle qu’on la voit dans les moments dépressifs d’Harley, la colère avec ce camion explosif lancé à vive allure dans l’usine chimique. Pour les étapes suivantes, qui sont le marchandage avec soi-même, la dépression avant d’entamer la reconstruction et l’acceptation, elles renvoient à la suite du film. Harley Quinn nous montre en l’occurrence sans retenue la palette des émotions à l’écran. Elle peut s’effondrer comme Bridget Jones et se rebeller en enfilant sa tenue qui n’est plus la tenue sexualisée de Suicide Squad, telle une GI Jane ! (souvenez-vous, ce personnage joué par Demi Moore) Bien loin de l’impassibilité d’un Batman ou d’une folie constante comme le Joker, Harley montre une voie propre, dans laquelle le féminin intervient.

Passer d’un maître à l’autre, d’un masque à l’autre, voilà bien la route tracée qui semble être celle d’Harley Quinn. A peine sortie des griffes d’un Joker, elle se retrouve dans celles d’un autre masque, Black Mask. Cela comporte plusieurs dimensions, à savoir une dimension sociale, à savoir comment une femme existe en dehors des hommes, ainsi qu’une dimension psychologique, à savoir comment le féminin peut exprimer une parole propre qui ne passe pas par le discours d’un masculin, mais aussi une dimension psychanalytique. Ainsi, nous pouvons envisager Harley comme une figure de l’hystérie, à entendre non pas comme une figure pathologique mais comme une façon de se situer dans le rapport à l’autre. Le versant hystérique est celui qui vise notamment à mettre le doigt sur les contradictions et les paradoxes d’un maître, sur le plan social, politique, sentimental, ou autre. Ce versant pointe les limites et l’impuissance d’un propos dominant pour en révéler par retour et de façon paradoxale un savoir nouveau par ce processus de mise en question. Il y a ici quelque chose de l’ordre du rapport hégélien de maître et de l’esclave, chacun étant interdépendant de l’autre et conférant à l’autre sa place. Ainsi, la question de trouver sa place se pose à différents  niveaux, tout cela étant ramassé sous une narration, narration qui, au-delà du processus narratif en soi est aussi un processus thérapeutique. Pouvoir raconter sa propre histoire, avec son style propre, sa folie propre, dans le sens où la vérité est celle du narrateur, rejoint aussi une dynamique d’émancipation. Et le titre « la fabuleuse histoire d’Harley Quinn » prend alors tout son sens. Ainsi, pour Harley, au-delà d’une émancipation sociale existe aussi une émancipation psychique : comment se séparer d’un maître, quel qu’il sot, elle qui a été, le rappelle-t-elle, créée telle un Arlequin, c’est-à-dire une figure dont un maître tire les ficelles? Le film illustre ainsi ce parcours chaotique, fait de fuites en tous sens, d’évitements pour ne pas être attrapée, de tentatives de séduction, de coups de pied entre les jambes, tout un panel pour ne pas retomber vers la pente qui est la sienne et qui fonde sa propre existence. Comment un Arlequin s’affranchit-il de ses fils, et comment ne pas retomber de Charybde en Scylla ?

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Dans le film Birds of Prey, chacune des figures féminines affronte le groupe masculin à sa façon. Renée Montoya fait face à un milieu de travail machiste, Huntress se reconstruit après la violence patriarcale des gangs mafieux, Black Canary cherche à échapper de la cage dorée dans laquelle Black Mask l’a enfermée. Et ces trois versions d’être féminin marquent un propos quelque peu différent à chaque fois. Chacune a un âge différent, une situation sociale différente, et ce qui les rassemble est de n’être plus des proies mais des oiseaux de proie à leur tour, inversant ainsi les rôle. A ceci près qu’on leur reconnaît des défauts. Ces personnages féminins ne visent pas une perfection à la Batman ou à un Joker à sa façon, mais montrent des failles. Renée Montoya est en deuxième partie de carrière, vient visiblement de rompre avec sa petite amie procureure, a un penchant pour l’alcool. Huntress, derrière son entraînement de machine à tuer ne sait pas correctement se présenter et bafouille à chaque fois. Black Canary affiche une fragilité qui demeure, toujours prête à retomber dans sa cage. Et en même temps, chacune de ces femmes est de celles qui font briller les autres : Montoya rapporte les médailles à ses collègues, Huntress la vengeance à coups de carreaux à sa famille patriarcale, Black Canary est un bijou que son employeur garde dans son écrin. Ainsi chacune des figures féminines raconte une part de la place que le féminin occupe, à travers son mouvement et ses failles. Mais aussi son désir de ne pas s’y résoudre, et de ne plus s’y réduire.

Ces femmes ne font pas équipe d’emblée, c’est en effet une forme de particularité. Là où nous étions habitués à des équipes qui se forment en cours de film pour faire exister cette team autour d’un projet commun, ici les Birds of Prey n’existent qu’à la fin. Et si c’était quelque chose de spécifique du féminin, de ne pas faire groupe comme les hommes ? Si elles se rassemblent, c’est pour survivre, pas pour une quête commune, hormis à la fin. Comme si rassembler des femmes ne fonctionnait pas sur le même registre que des équipes masculines en majorité mais se devait de respecter la singularité de chacune. Et que cette singularité devait prendre du temps pour exister, ne pas être effacée dans un collectif, un groupe qui se construirait à la va-vite.

Il est intéressant de noter qu’hormis la question de la survie qui les réunit, c’est la quête d’un objet brillant précieux possédé par un homme qui est d’abord l’objet de leur trajectoire commune. Ce diamant symbole de fortune serait ainsi un objet phallique après lequel les femmes courraient pour des raisons différentes, mais un objet détaché de l’homme, permettant d’accéder à un pouvoir supplémentaire. La chanson en l’occurrence que chante Harley dans sa rêverie « Diamonds are girl’s best friend » revient bien sur cette signification phallique de cet objet brillant, sur un versant de femme objet soumise à l’homme possédant ces objets de pouvoir. Cette rêverie étant en l’occurrence un moyen d’échapper à la violence de l’homme, Black Mask la torturant ici, proche du mécanisme psychique d’anesthésie qu’utilisent inconsciemment les victimes de viol par exemple. Ce qui rend cette scène en apparence légère prendre une autre connotation.

Ainsi, la légèreté apparente du film réserve quelques surprises, et une certaine profondeur laissant entrevoir des propos qui ne sont pas martelés tels quels mais qui se laissent entrevoir si on y regarde à deux fois. La folie d’Harley est celle des femmes, c’est-à-dire celle qui échappe au pouvoir symbolique masculin pour trouver une autre voie non tracée. Bien sûr, elle suit une trajectoire inattendue pour partie, trouve une issue en dehors du groupe qui se forme, échappe aux canons d’un personnage qui formerait une équipe, et ceci pour mieux s’en distinguer. Ni le Joker, ni Black Mask, ni une équipe constituée, ne seront ses maîtres à penser. Seuls ses fétiches comme Bruce la hyène et sa foufoune empaillée l’accompagnent, des moyens de se rassurer dans ce monde de brutes. Et prendre Cassandra Caine sous son aile lui procure une place, de celle qui prend soin et sauve, mais avec l’ambivalence dont elle fait preuve à ce sujet dans le film, quand elle peut certes la protéger comme aussi la livrer à ses bourreaux. Une ambivalence qui là encore est singulière, pas très héroïque, un peu folle vue de la place de la jeune Cassandra. Si Harley a encore du chemin à parcourir, elle aura su éviter déjà certains travers, ne pas retomber de suite dans les griffes d’un maître, ne pas occuper cette place elle-même. Il lui reste une voie à trouver qui n’est pas tracée, pas par autrui en tout cas. C’est une histoire inachevée, une narration qui relit, relie les événements comme une tentative de reprise du cours de sa vie, une forme de thérapie, non pour la remettre dans le droit chemin, mais pour qu’elle trouve le sien propre. La fin du film laisse ainsi une issue non attendue, si le méchant est battu, les possibles demeurent comme une voiture rouge lancée à tombeau ouvert ! Une fin en forme de « Attrape-la si tu peux »! Et voilà bien le sujet du film, il s’agit d’en attraper ce qui surgit, ce qui se dit tant dans la forme que dans le fond. Pour un film de comics, ça n’est quand même pas si mal. Harley a rempli pour ma part sa mission de divertissement et d’un brin de réflexion sur un sujet essentiel et son traitement contemporain.

 

6 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Alex Hivence dit :

    Deux hommes pour flinguer une femme, ça n’est pas de trop sans doute pour ravaler Harley au rang du ratage.
    Et si la rationalisation masculine ne permettait pas d’entrevoir la vérité que déroule Miss Quinzel et les autres protagonistes dans cet opus qui brise les conventions pour n’être pas la où on l’attend.
    La scène de cabaret version Marylin n’est pour moi pas inutile : c’est un moment où torturée par Black Mask et risquant la mort le psychisme d’Harley s’évade par une rêverie. C’est un mécanisme de défense plutôt féminin, là où l’homme jouerait du clivage comme un James Bond. Bref, ça donne lieu à une petite folie salvatrice, signe de la résilience globale de notre Harley Quinn.
    Qui plus est, j’ai trouvé bien vu le risque qu’encourt Harley de retomber dans les griffes d’un autre maître après le Joker. Illustrant qu’il est une pente fréquente de passer non pas d’un maître à une émancipation que d’un maître à.. un autre! Les deux avançant masqués, cela donne une idée du risque encouru par les femmes face à de tels prédateurs.
    Alors bien sûr, tout cela est abordé assez rapidement, mais la folie féminine est ici l’héroïne. La folie féminine au sens de ce qui échappe aux hommes.
    Huntress aux tueurs de sa famille, Montoya aux flics cherchant des récompenses phalliques brillantes en toc, Caine à une situation familiale invivable, qui l’amène à aller se servir ailleurs, et trouvant d’autres images auxquelles s’identifier.
    Oui, la folie féminine échappe aux hommes, y compris dans sa désinvolture. Le ton est à la limite de l’agacement quand la voix hystérisée d’Harley découpe les événements à la hâche. Ça défrise et c’est jubilatoire, tant c’est gratuit et mené pour agacer le spectateur selon qu’il se laisse prendre au jeu ou non de cette bad girl en quête d’amour! Un rire de hyène, une foufoune empaillée, Harley est une copine infréquentable. Et c’est pour ça qu’elle parle aux filles je pense. J’en ai vu s’esclaffer dans la salle. Qu’elle horripile les hommes. Elle échappe à ce qui est attendu, aux déroulés canons, elle brise tout à coups de maillet. Et rien que pour ça, c’est bon!

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    1. Moyocoyani dit :

      Merci beaucoup Anthony pour tes commentaires, d’autant que leur complémentarité avec les nôtres est particulièrement stimulante, puisque tu te livres essentiellement à de l’analyse thématique (ce que le film cherche à raconter), notamment d’un point de vue psychologique (où ta compétence permet des remarques très agréablement fines) là où j’essayais d’être plus cinématographique (comment le film cherche à raconter, et donc, à mon avis, comment il échoue à bien mettre en valeur ses thèmes). Par exemple, ce que tu dis est passionnant sur l’échappatoire onirique comme mécanisme de défense féminin, quand je constate que l’on ne ressent pas très bien la peur de Harley et qu’elle ne semble même pas perdre connaissance, de sorte que cette rêverie soudaine parait un peu déplacée à un moment qu’elle aurait pu si bien appuyer justement si le film avait bien exprimé la nécessité de la scène Monroe pour exprimer ce que Harley ressent et comment elle cherche à en sortir. C’était pour moi d’autant plus étrange qu’en dehors de ce moment précis, Harley ne recourt plus à la rêverie (ce qui aurait été une manière intéressante d’insister sur ce phénomène comme mécanisme de défense classique du personnage, en plus de souligner la fantaisie qui lui est normalement inhérente), et que les autres protagonistes féminins sont, quant à elles, autrement plus terre-à-terre dans leur lutte contre les hommes qui les oppriment. Ce moment me semble ainsi mieux traduire une phase précise traversée par un personnage précis qu’un mécanisme un peu plus systématique, que le film n’aurait pas hésité à remettre au moins une fois en avant s’il avait réellement cherché à dire quelque chose d’un mécanisme essentiellement féminin. S’il s’agit tout de même de ce qu’il cherche à faire psychologiquement, aussi louable que ce soit, il me semble qu’il manque quelque chose pour le justifier dramatiquement ou esthétiquement, mais ce n’est bien sûr que l’expression d’une frustration personnelle de spectateur qui aurait voulu aimer cette scène et regrette de ne pas y parvenir.
      Finalement, mon principal reproche à ce Birds of Prey est que cette folie féminine comme lutte contre la rationalisation masculine que tu lui vois et y défends, je l’appelais de mes vœux et ai été relativement insensible aux tentatives de la mettre en scène dans un film extrêmement sage, bien que supposément narré par la plus folle de ses héroïnes. « La voix hystérisée d’Harley » qui « découpe les événements à la hache » est la plus posée des voix off, même Suicide Squad présentait ses protagonistes de façon plus déjantée (notamment par le procédé de l’incrustation textuelle, reprise plus platement par Birds of Prey). Ses analepses sont celles que se permettraient bien des films pour expliquer comment un personnage en arrive là, sauf qu’on les présente comme un effet de la fantaisie de Harley sans les procédés attendus de la part d’une telle narratrice : exagérations, narration multiple et changeante d’un même événement, accélérations, ralentissements et pauses signifiantes, effets de décalage entre la voix off et l’image… Mais non, rien, le film serait à peine différent sans effet de narration (de surcroît étonnamment omnisciente), d’où ma surprise de trouver tellement plus de folie dans The Gentlemen, chez un réalisateur dont l’influence sur Birds of Prey semble quand même assez claire et n’est vraiment pas aboutie dans ce que cette influence aurait pu produire de cohérent avec le projet du film. Pour moi, elle ne brise rien à coup de maillet, et se conforme parfaitement à ce qui est attendu à tous points de vue, quand un film sans narrateur « fou » et sans aucun background promettant la folie (The Gentlemen est un film original) parvient à être tellement plus fou – et je dis cela comparativement, cela aurait pu aller beaucoup plus loin même chez Ritchie et je suis loin d’avoir été ébloui par son œuvre.
      Mais je me réjouis de ce que tu aies été sensible à la folie que je cherchais sans la trouver, puisque cela prouve que d’autres spectateurs sauront apprécier le film, ce qui est évidemment l’essentiel 🙂

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  2. thomassavidan dit :

    Bonjour,
    Un commentaire passionnant qui donne une autre idée du film. On retournerait presque voir le film pour mieux le comprendre. La liberté d’Harley je suis d’accord que c’est un aspect intéressant. Cependant elle phagocyte le film et ne laisse pas de place aux autres. De plus c’est une folie douce qui n’inquiète ni les autres personnages ni le spectateur.

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  3. Alex Hivence dit :

    Cette polyphonie autour de Harley Quinn et les Birds of Prey est très intéressante. Comme tu le dis Siegfried, l’approche cinématographique qui est la tienne apporte un angle différent, et en effet il existe des éléments de frustration par endroits, tandis que l’impression de légèreté voire de vide de Thomas renvoie à un film fade sans fond ni forme.
    Sur le mécanisme psychologique en question, s’il n’est utilisé qu’une seule fois cela peut s’expliquer que c’est la seule fois où Harley se retrouve dans un moment à la fois d’angoisse, d’entrave, et de risque de mort imminente. C’est un peu comme ce mécanisme d’anesthésie psychique typique des victimes de viol. Le corps est à un endroit, l’esprit est ailleurs, par un procédé de clivage. Ici cela m’a fait penser à cette situation par analogie : un homme contraint une femme à lui donner ce qu’il convoite immédiatement.
    Quant à la part dite de « folie féminine » c’est une folie douce dans le sens où une part du désir échappe aux hommes. Le diamant pourrait symboliser d’ailleurs cet objet masculin du désir. Tandis que Harley court après ce diamant pour d’autres raisons, une part d’elle échappe aux attendus. Y compris à la fin lorsqu’elle ne fait pas groupe avec les Birds of Prey. C’est cela, cette part de folie du féminin, ne pas se ranger dans un collectif courant après le même objet. Et là Harley échappe bien à ce principe en le défiant.
    Et là où elle réussit dans cette hystérisation, c’est-à-dire cette capacité à montrer les contradictions chez l’autre, sa « division » disent les psychanalystes, c’est qu’elle fait parler, et surtout les hommes. C’est ce que réussissent à faire le féminin avec son hystérie, à entendre au sens de ce qui pointe chez l’autre une frustration, une impuissance, une contradiction : faire couler de l’encre! C’est un de ses moteurs! Tout en rassemblant autour d’elle. N’est-ce pas une belle finalité, fût-elle inconsciente? 🙂

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    1. Moyocoyani dit :

      Fait-elle parler surtout les hommes ? N’est-ce pas qu’une impression liée à la prédominance de blogueurs masculins en France, quand tout ce qu’il y a de critiques geek féminines sur Youtube ou de critiques geek anglo-saxonnes par exemple en parle aussi, et quand d’autres films de super-héros sans « hystérie » ont fait couler au moins autant d’encre, si ce n’est plus ? 😉

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  4. Alex Hivence dit :

    Bien sûr que la répartition des blogueurs masculins/ féminins intervient quelque peu. Ceci dit, on peut dire qu’elle en fait parler à sa façon. En divisant de façon assez nette, et sur des motifs masculins qui pourraient former un faisceau autour de : inconsistance des personnages masculins/frivolité des personnages féminins/ légèreté du fond et de la forme.

    Ce qui résumerait assez les griefs de certains représentants du masculin à l’égard de certaines représentantes du féminin, fût-ce inconscient. Un moyen de dire que non, une femme ça n’est pas ça. Harley donne, toutes proportions gardées vu le support et l’angle comics, un coup de pied dans cette fourmilière, faisant ressortir des éléments du débat sur le genre et l’identité au passage. Et des représentations que chacun en a, ou s’en construit. L’air de rien.

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