C’est à l’occasion du Free Comic Book Day 2019 que j’avais pu lire les premières pages de Misfit City. Le récit, autant que la couverture, m’avait immédiatement rappelé le club des Cinq de ma jeunesse et la promesse d’une chasse au trésor donnait envie de se lancer sur la piste avec ce petit groupe de filles et leur chien Pip. Misfit City est un hommage au cinéma et à la littérature d’aventure et cette lecture fait vraiment du bien !
Un résumé pour la route
Misfit City est scénarisé par Kirsten « Kiwi » Smith et Kurt Lustgarten et illustré par Naomi Franquiz. La couleur est confiée à Brittany Peer. Le titre sort en France en 2020 aux éditions Kinaye.
Wilder s’ennuie ferme dans sa ville natale de Cannon Cove dans l’Oregon. Cette charmante cité n’est connue que pour avoir été le décor du film culte « Les Gloomies » et on y croise des touristes subjugués par les scènes de films mais qui ne prêtent pas attention aux habitants de la petite ville. Wilder et ses copines se retrouvent pour jouer aux cartes, parler de tout et de rien et surtout tromper leur ennui. Pourtant, c’est à Cannon Cove qu’elle vont vivre la plus palpitante des aventures.
On en dit quoi sur Comics have the Power ?
Misfit City a été pour moi un vrai plaisir de lecture pour de nombreuses raisons. La première est que ce titre m’a rappelé dès la couverture une des séries préférées de mon enfance : le club des Cinq d’Enid Blyton, même le chien ne manque pas ! Une des différences majeures avec le titre de Blyton est que le groupe est uniquement composé de filles au caractère bien trempé et représentant avec bonheur une belle diversité, blanches et jeunes femmes de couleur se côtoient et leurs amours ne sont pas hétéronormées. Elles représentent la jeunesse d’une petite ville américaine dans toute sa palette et ce petit groupe est immédiatement sympathique.
Les références aux films et livres de chasse au trésor sont nombreuses car le but principal est bien la quête du trésor d’un vieux capitaine. Selon ses références, on peut immédiatement penser à l’île au trésor de Stevenson ou au film les Goonies cités en exemple dans l’ouvrage de Kirsten Smith et Kurt Lustgarten. Alors, pourquoi lire Misfit City puisque les récits de pirates et de trésors engloutis ne manquent pas ? Tout simplement parce que l’histoire est très bien amenée : le lecteur suit Wilder et son groupe de copines, un peu désœuvrées dans leur petite ville où il ne se passe quasiment rien. Heureusement, elles peuvent compter les unes sur les autres pour jouer et papoter mais elles s’ennuient fermement. La petite cité est envahie de touristes mal élevés qui ne s’intéressent qu’aux lieux de tournage du film « Les Gloomies » et se conduisent comme des gougnafiers avec les habitants. J’y ai vu une dénonciation bien sentie du touriste déconnecté de la réalité et blasé qui ne fait même plus attention aux êtres humains qu’il croise.
Il ne manque rien à ce récit d’aventures : une vieille malle pleine de secrets, une carte au trésor à déchiffrer, un duo machiavélique, des personnages ambigus et fourbes, des parents attentifs mais trop occupés, un totem indien et une crique mystérieuse. Le groupe de copines est vraiment composé de personnalités attachantes, les romantiques y côtoyant les artistes et celles qui rêvent d’aventures extraordinaires. Le lecteur peut sans mal s’identifier à l’une d’entre elles ou un peu à toutes à la fois. On est dans une bonne histoire, pleine d’humour et bien rythmée qui pourrait très bien être adaptée en film ou série. L’histoire est très bien servie par le trait efficace de Naomi Franquiz dont on avait pu apprécier le travail sur Bitch Planet.
Dans ce récit, les auteurs montrent qu’il n’est pas forcément nécessaire de quitter sa petite ville tranquille pour vivre de grandes aventures. Cela passe parfois par des discussions interminables entre copines, par une imagination débordante ou par l’exploration inattendue du passé de sa ville qui révèle bien des secrets engloutis et peut mener à une quête endiablée.
Alors, convaincus ?
Si le public ciblé est avant tout un public jeune, j’ai pris un très grand plaisir à découvrir ce titre qui est non seulement bien illustré mais qui fait appel à mes propres souvenirs de jeune lectrice de récits d’aventures. Le côté nostalgie joue à plein et l’attachement ressenti pour les jeunes héroïnes donne envie de poursuivre l’aventure. Côté réalisation, les éditions Kinaye proposent un volume souple agrémenté de bonus avec couvertures alternatives et de croquis. L’éditeur pense aussi aux jeunes lecteurs en ajoutant des notes en fin de volume pour expliquer certaines notions.
On sait que le titre compte seulement deux volumes, j’ai donc à la fois hâte de lire la suite et peur que ça s’arrête, c’est plutôt bon signe non ?
Sonia Dollinger
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