[review] The Wild Storm

Avec cet album, Comics have the Power se met aux chroniques de comics en V.O. Grand fan de WildC.A.T.s dans les années 1990, j’étais très curieux de la nouvelle équipe créative – en particulier Warren Ellis – chargée de relancer cet univers publié par DC Comics. Je n’étais pas sûr de le trouver en français et j’ai donc acheté le recueil à Forbidden Planet, superbe et gigantesque boutique de comics à Londres (Note de la patronne : Gros frimeur va ! Je vais devoir intervenir car là il en fait trop, non en fait, il fait comment pour être partout !?).

Un résumé pour la route

Wildstorm_1Ce numéro rassemble les six premiers épisodes de The Wild Storm. Le dessin est réalisé par Jon Davis-Hunt (Clean Room) et le scénario est signé du très grand Warren Ellis (Planetary, Transmetropolitan).

The Wildstorm est un label indépendant créé en 1992 par Jim Lee à l’intérieur du tout récent Image Comics (Note de la patronne : Heureusement qu’il ne parle pas de Liefeld, mince… j’en ai parlé). Warren Ellis organise un reboot de cet univers en intégrant certains des personnages créés dans les différentes séries originelles : WildC.A.T.S, Stormwatch, Wetworks, Divine Right

On en dit quoi sur Comics have the Power ?

C’est la deuxième réinvention de l’univers Wildstorm mais elle est bien plus réussie et plus compréhensible que WildC.A.T.s 3.0 de Joe Casey et Dustin N’Guyen qui m’avait fortement déçu. Ellis reprend le réalisme du premier reboot mais sans le côté Largo Winch incompréhensible de 3.0. Dès les premières lignes, j’ai retrouvé avec joie les personnages essentiels des différentes séries Wildstorm que j’avais adorées ado : Zealot puis l’Ingénieur. Cole Cash, Grifter, est un des rares personnages toujours présents dans les reboots et reste ici un mercenaire au service d’Halo. Très rapidement, des allusions ne cessent d’être faites aux différentes séries et personnages de l’univers Wildstorm: les taches de sang forment le maquillage de Zealot. Comme souvent dans les reboots, il y a un jeu de pistes qui est de retrouver les avatars des personnages connus – Zealot est une star, Ingénieur vient juste de découvrir son pouvoir… On est content de retrouver certains personnages – Grifter ou Void qui reste un personnage autiste mais le dessinateur offre une jolie actualisation de la téléportation – et de découvrir de belles réactualisations. Deathblow est atteint d’une tumeur ce qui le rend dépressif mais reçoit aussi des super pouvoir à la suite d’une explosion. Il me semble que quelqu’un qui n’a jamais lu une ancienne série de l’univers Wildstorm pourrait rapidement s’y retrouver et prendrait un aussi grand plaisir de lecture que le passionné.

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Ellis reprend les principes de base de WildC.A.T.s avec des extraterrestres mais n’en fait pas le centre de son histoire pour l’instant. Il s’approprie complètement cet univers. Un extraterrestre daemonite apparaît dans le numéro cinq mais il élimine rapidement l’idée d’une guerre entre les races. Il s’agit d’une simple incompréhension selon lui. Ellis veut replacer ces héros dans un contexte plus réaliste. Les personnages ne portent pas de costume en latex mais des habits civils. Ellis alterne de nombreuses scènes de dialogues sans jamais abuser du texte – souvent autour d’un verre- et de belles scènes d’action silencieuses où on a l’impression de lire Matrix.

Ayant moins l’habitude de lire en anglais, j’ai du mal à dégager des lignes de forces du récit (Note de la patronne : enfin un peu de modestie ^^). L’action se met en place avec une montée en tension progressive. Ellis ne brusque pas le lecteur mais les membres se rencontrent progressivement au cours des différents épisodes pour former une équipe. En même temps, le scénariste met en place un récit d’espionnage paranoïaque assez classique. Ingénieur est poursuivi pour son armure par divers groupes dont on comprend peu à peu les objectifs. Il faut attendre l’épisode six pour dévoiler le puzzle du départ par une discussion entre Marlowe et Ingénieur. Deux puis trois camps s’opposent avec le groupe industriel Halo et des agences internationales sur terre – IO – et dans l’espace – Stormwatch. Des individus – Ingénieur et Deathblow – sont pris en tenaille entre ces groupes. Halo avec Marlowe se présente comme un partisan de liberté et les défend par son équipe d’intervention qui rassemble des freaks (Note de la patronne : et voilà ! On en jette avec un mot anglais mais il ne connaît juste pas le mot marginal) dont la plupart sont extraterrestres.

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Ellis n’abandonne pas le contenu politique. Il montre la vie quotidienne et banale d’un couple gay et multiracial sans en faire une vie différente. Il souligne le danger des firmes transnationales et de la collecte des données – Marlowe et Halo sont un bon prétexte pour parler d’Apple (Note de la patronne : écrit-il sur son MacBook ?).

Même s’il y a quelques blagues, Ellis sait utiliser parcimonie l’humour ce qui est bien rare aujourd’hui (Note de la patronne : Ça y est ! Le vieux con est de retour, on est deux maintenant). Ces traits d’humour sont surtout intégrés au récit comme Weatherman – chef des espions de l’espace – doit paraître froid et brutal en privé mais il est très drôle en privé. Ce vieux râleur trouve que la terre pue car on ne filtre pas l’air. Lauren Pennington, Fahrenheit de Stormwatch, est son assistante espiègle. Contrairement aux tentatives décevantes des New 52, The Wild Storm est désormais heureusement détaché de l’univers DC et Ellis se permet des blagues sur les héros DC – le Limier martien est une série YouTube. Ellis joue aussi avec les films de Science-fiction – les soucoupes volantes ont un design très fifties.

Le dessin se hisse au niveau de ce scénario prenant. Jon Davis-Hunt a un style assez original pour un comics. Le dessin m’a semblé très franco-belge pour adulte avec une insistance sur le réalisme et les décors. De plus, la mise en page classique renforce cette impression. Cela convient parfaitement à l’objectif de réinvention plus réaliste d’Ellis. La musculature – comme celle de Deatblow – est réaliste. Les décors ne sont pas de délires de Science-fiction mais paraissent contemporains ou d’un futur proche – comme la station orbitale de Stormwatch.

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L’édition américaine est cependant bien moins bonne que les éditeurs français en particulier la qualité très basique du papier (Note de la patronne : quel chauvin ^^). Cette édition comporte tout de même des bonus avec l’ensemble des couvertures dont les variant covers de Jim Lee que j’ai rencontré il y deux semaines (Note de Sonia The Boss : ça y est ! Le frimeur revient, mais comme il m’a ramené un autographe du maître, il est pardonné ❤) mais aussi des portraits des personnages principaux par Davis-Hunt, les couvertures test et les croquis du premier numéro. Le plus intéressant est la postface de Warren Ellis qui explique son programme, les thèmes repris des séries originelles et les choix d’actualisation. Pour lui, la série présentera une succession de couches de secrets peu à peu révélés.

Alors, convaincus ?

Après la très forte déception du dernier reboot de WildC.A.T.s, j’ai vraiment été ravi par ce très bon exercice de réinvention. Ellis s’empare de cet univers et y introduit ses propres obsessions pour créer un univers neuf et rafraîchissant. Davis-Hunt fait aussi un superbe travail très personnel. On peut espérer qu’Urban Comics prendra le risque de traduire cette très bonne série.

Thomas S.

[Sonia tient à rassurer le public angoissé, aucun Thomas n’a été martyrisé pendant l’écriture de cette chronique]

4 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. wildstorm dit :

    /hors sujet on
    Mon pseudo online depuis l’apparition d’internet vers 1994^^
    Je n’étais pas forcément un grand fan de leurs publications mais je trouvais non seulement que cela en jetait mais j’étais épaté par leur audace.

    Bref, dans les premières années, en France, on me demandait souvent son origine 😀

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  2. thomassavidan dit :

    Merci pour ton commentaire. Grâce à la nouvelle série, on comprendra mieux ton pseudo.
    J’avais aussi adoré à la sortie et je compte bientôt le relier pour un article. On verra si cela a bien vieilli.
    De toute manière, la nouvelle série d’Ellis est vraiment excellent et les dessins différents de Jim Lee mais splendides.

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