Malgré un scénario un peu vide, la lecture de Lady Mechanika ne m’avait pas laissé indifférente. Les aventures de cette femme traquée dans un univers steampunk conservent un côté divertissant et, visuellement, l’univers de Joe Benitez est plutôt fascinant malgré des personnages féminins un poil caricaturaux (anorexiques à forte poitrine).
C’est donc dans cet état d’esprit plutôt positif que j’ai abordé la lecture de Wraithborn, tout juste sorti en vf chez Glénat comics. Le style de Benitez est bien au rendez-vous et la mise en avant d’un autre personnage féminin avait de quoi me réjouir.
Un résumé pour la route
Wraithborn est scénarisé par Joe Benitez et Marcia Chen. Joe Benitez assure également la partie graphique. Le titre est sorti chez Benitez productions aux Etats-Unis. En 2017, Glénat comics publie Wraithborn en France.
Mélanie Moore est une jeune lycéenne, orpheline de mère, qui vit à Marinette en Louisiane. Adolescente renfermée et timide, elle tente d’éviter les ennuis avec les fortes têtes de sa classe et cherche avant tout à passer inaperçue. Elle épaule son père, un peu perdu depuis la mort de sa femme. A l’autre bout de la planète, Valin, un guerrier mystérieux se prépare à recevoir le Wraithborn, une force mystique qui donne une puissance surhumaine à son dépositaire. Mais, alors que Mélanie se recueille sur la tombe de sa mère, elle est assaillie par un colosse qui, avant de mourir lui transmet…le wraithborn et transformer son existence.
On en dit quoi sur Comics have the Power ?
Lorsqu’on ouvre Wraithborn, on ne peut éviter d’être envahi par un sentiment de déjà-vu : une adolescente qui combat des esprits dans un cimetière, ça me fait inévitablement penser à Buffy et en effet Wraithborn joue clairement sur ce registre. Toutefois, contrairement à la jeune femme de Sunnydale, Mélanie Moore n’a guère d’amis pour l’aider dans ses tâches.
Mélanie est une sorte de paria dans sa classe, elle n’est pas sportive, n’est pas populaire et en souffre en silence. Cet aspect de la vie adolescente est classique dans les séries ou les comics mais il est plutôt bien restitué : pour ne pas être une victime de ses camarades, Mélanie cherche à se rendre transparente, respirant même quand les harceleuses s’en prennent à une autre fille. Certaines jeunes lectrices ne manqueront pas de se reconnaître dans cette situation douloureuse et inconfortable. La différence avec la réalité, c’est que Mélanie se voit dotée malgré elle d’un pouvoir mystique qu’elle n’a pas choisi et qu’elle ne comprend pas. L’ouvrage montre donc la manière dont elle va devoir s’approprier cette nouvelle force et devenir quelqu’un d’autre, c’est donc une énième parabole du passage de l’adolescence que nous proposent les auteurs.
Un des aspects de l’histoire qui m’intriguait le plus était l’utilisation du vaudou dans le récit. L’idée de placer Wraithborn en Louisiane change un peu des espaces urbains habituellement utilisés dans les comics. Je trouve très dommage que le vaudou et ses rites ne soient utilisés que superficiellement, comme un simple décor, plutôt que comme un élément fondateur du récit. Certes, l’entité néfaste à laquelle Mélanie doit se confronter, emprunte au folklore vaudou par son nom : Brijit – qui fait référence à Maman Brigitte une sorte de divinité à la fois bénéfique et maléfique – mais la comparaison s’arrête là. Alors, certes, Wraithborn est avant tout un titre d’action, de bastons mystiques et physiques mais entrer dans un univers aussi complexe et fascinant que le vaudou aurait mérité un peu plus de profondeur.
Quant à la partie graphique, elle ravira sans nul doute les fans de Joe Benitez et c’est le principal argument du titre. Benitez offre son répertoire habituel : des femmes filiformes, à la taille de guêpe accentuée, à la limite de l’anorexie mais dotées de lèvres lippues et de seins volumineux. Les combats sont dynamiques et certaines planches sont assez somptueuses et rendent hommage aux personnages de Valin ou aux créatures infernales qui assaillent la petite ville de Marinette.
Alors, convaincus ?
Avec un scénario qui reprend des ficelles déjà très utilisées, Wraithborn n’est pas forcément un titre très surprenant. Une adolescente frêle et renfermée qui se révèle en bastonnant des démons, cela n’a plus grand chose d’extraordinaire. Une partie du public trouvera cependant de quoi s’identifier à ce personnage et c’est toujours ça. Pour tout dire, on reste toutefois sur sa faim et on aurait aimé un scénario un peu plus solide qui aurait permis de donner un peu plus de chair à ce titre.
De la chair, les personnage féminins en manquent aussi tant on a l’impression d’avoir affaire à un défilé de mannequins anorexiques à la poitrine envahissante. C’est le style de Benitez et ceux qui aiment y trouveront leur compte sur ce plan là.
Wraithborn est donc un titre à conseiller aux fans de Joe Benitez, à ceux qui cherchent avant tout un divertissement esthétique sans trop de profondeur ou aux adolescents en mal de modèles féminins forts.
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