[Review] Blek le Roc : les origines de Blek

Comme de nombreux lecteurs de comics de ma génération, j’ai eu en mains les Mustang et Titans dans lesquels on trouvait les personnages crées et / ou dessinés par Jean-Yves Mitton (John Milton pour les lecteurs de l’époque) tels que Mikros, Cosmo, Kronos ou Epsilon.

Pourtant, j’étais passé complètement à côté du personnage de Blek le Roc ne sachant comment combler cette lacune jusqu’à ce que les éditions Original Watts aient l’excellente idée de se lancer dans la réédition des épisodes dessinés par Mitton. Original Watts n’en étant pas à son coup d’essai, Blek fait suite à d’autres rééditions de différents titres de l’artiste. Une belle occasion de pouvoir relire des aventures qui nous ont enchantés dans notre enfance.

Un résumé pour la route

blekLe premier volume de l’intégrale Blek le Roc est sous-titré Les origines de Blek et parait aux éditions Original Watts en 2016. Le scénario et les dessins sont l’oeuvre de Jean-Yves Mitton. Ces épisodes sont, à l’origine, parus dans Kiwi en 1978.

Blek le Roc et ses deux amis, Cornelius Occultis et le petit trappeur Roddy sont incarcérés dans les geôles anglaises de Boston et sont condamnés à mort pour avoir apporté leur soutien à la révolution américaine. En attendant l’exécution de la terrible sentence, Cornelius et Roddy demandent à Blek de leur raconter ses origines. Tout commence à Saint-Malo en 1749…

On en dit quoi sur Comics have the Power ?

Excellente idée de commencer par les origines du personnage principal, cela offre tout de suite un aperçu général du récit et montre la philosophie dans laquelle se situe l’auteur. Mitton offre un récit d’aventures multiples avec un Blek tour à tour jeune marin, forçat, pirate, chef de tribu indienne et rebelle américain. L’auteur propose aussi une fiction historique qui rappelle avec brio le contexte difficile d’un XVIIIe siècle arque-bouté sur ses privilèges et sur des lois injustes et arbitraires. Jean-Yves Mitton évoque notamment les fameuses lettres de cachet qui permettent d’enfermer n’importe qui sans autre forme de procès.

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Dans de nombreuses œuvres de Jean-Yves Mitton l’histoire prend une place importante, on le voit dans presque tous ses titres : dans Mikros quand il envoie son héros dans une Venise de la Renaissance apocalyptique ou dans Kronos où les héros traversent les époques les plus sombres. Mitton a un talent pour conter les récits historiques et placer ses personnages dans des époques variées qui mettent en valeur l’aspect épique de ses sagas.

Les préoccupations sociales de l’auteur transparaissent aussi souvent dans ses odyssées : souvent, ses personnages doivent se dresser contre l’oppression et l’injustice, contre le fanatisme politique ou religieux et c’est particulièrement vrai dans Blek le Roc. Mitton affectionne les récits dramatiques et si ses héros conservent une certaine force, ils luttent contre les coups du sort, subissent des séparations déchirantes. Si l’auteur ne se départit jamais d’une bonne dose d’humour, le fond de l’histoire n’est pas souvent très gai, mais c’est aussi ce qui fait la force de ses épopées : loin d’être de simples historiettes, elles interrogent et bousculent le lecteur et c’est aussi ce qu’on attend d’un ouvrage.

Mitton dresse un portrait d’un peuple rude, âpre à l’effort et idéaliste symbolisé par Blek. Evidemment, ses péripéties semblent assez invraisemblables tant il cumule d’expériences et d’aventures mais cette histoire rappelle celle des romans d’aventures ou de piraterie du XIXe siècle cumulées avec des histoires de trappeurs ou d’indiens qui évoquent Davy Crockett. Le noir et blanc sert vraiment de belle façon le trait de Jean-Yves Mitton, un trait tout en puissance comme en témoignent ses personnages musculeux et à la mâchoire carrée. Les scènes de tempête en mer rendent particulièrement bien et je suis toujours en admiration devant la précision du dessin de Mitton dans le traitement des vêtements, des bateaux ou des architectures. J’aime cet encrage avec des noirs profonds et plus le temps passe, plus je trouve que le noir et blanc rend hommage au dessin de cet immense artiste.

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Alors, convaincus ?

Blek le Roc est, pour moi, une réelle – bien que tardive – découverte. Je suis particulièrement contente de découvrir ce personnage avec le très beau volume des éditions Original Watts qui savent particulièrement bien mettre en valeur le formidable travail de Jean-Yves Mitton. Un belle enveloppe pour un récit tout en émotion, que demander de plus ?

2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. thomascrayon dit :

    Bordel, je suis sur le cul! Je n’avais jamais fait le rapprochement (alors que je suis plutôt attaché au dessin) entre Blek et Epsilon dont j’étais archi-fan et dont je repompais allègrement les pages!!!
    Merci!

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    1. darkphoenix73 dit :

      Ah ah oui Jean-Yves Mitton est un immense artiste aux talents multiples. J’ai réalisé il n’y a pas longtemps qu’il avait dessiné Oum le Dauphin par exemple ou Pim Pam Poum, j’en découvre tous les jours

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